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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Au Nigeria, l’insécurité occulte la crise humanitaire
Article mis en ligne le 9 juin 2015

En se focalisant sur la guerre contre l’insurrection de Boko Haram, le gouvernement nigérian fait perdre de vue l’urgence humanitaire croissante qui frappe le pays.

Les violences ont poussé à fuir au moins 1,5 million d’habitants des trois États du Nord-Est touchés par le conflit : Adamawa, Borno et Yobe. La grande majorité d’entre eux ont été accueillis par des proches vivant dans les principales villes du pays, mais cette hospitalité est un fardeau pour les hôtes.

« Les gens sont stressés. Les gens sont fatigués. Les choses sont très difficiles », a dit Mustapha Zannah, avocat à Maiduguri, la plus grande ville de la région. Au début de l’année, il hébergeait déjà une famille et, depuis, il en a accueilli quatre de plus.

L’insécurité a perturbé les activités agricoles et commerciales du Nord-Est, ce qui a un impact inévitable sur l’approvisionnement en denrées alimentaires. Entre juillet et septembre, certaines zones du sud de Yobe, du centre et du nord de Borno, du nord d’Adamawa et du grand Maiduguri devront faire face à des pénuries alimentaires de niveau dit d’urgence, c’est-à-dire le niveau qui précède la famine, selon l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET).

Selon les prévisions publiées par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de trois millions de personnes devraient avoir besoin d’une aide humanitaire. Le Nigeria est par ailleurs le grenier des pays voisins et une mauvaise récolte aura des répercussions sur la région du Sahel, qui est en proie à une insécurité alimentaire chronique. (...)

« Nous devons tirer la sonnette d’alarme », a dit Elizabeth Rushing, analyste de l’Afrique de l’Ouest pour le Centre de surveillance des déplacements internes. « Il est urgent d’intensifier l’intervention humanitaire. »(...)

Ce ne sont pourtant pas les ressources qui manquent. Après tout, le Nigeria est un pays à revenu intermédiaire. Ce n’est pas non plus une question de mauvaise volonté : selon les travailleurs humanitaires, la NEMA manque simplement d’expérience et de capacité pour gérer une crise d’une telle ampleur.

Les Nations Unies et les grandes organisations non gouvernementales (ONG) internationales, qui ont, elles, les compétences, brillent par leur absence dans le Nord-Est. « La communauté internationale traîne les pieds depuis le début », a dit Mme Rushing. « La réponse à la crise est lente et fragmentée. »

Boko Haram a changé de tactique en juillet de l’année dernière : au lieu de mener des attaques éclair, le mouvement cherche à s’emparer de territoires. Dans les zones contrôlées par les djihadistes, les infrastructures ont subi d’immenses dommages, qu’il s’agisse de postes de santé, de ponts ou de puits. « Dans certaines zones, 80 pour cent [des infrastructures] ont été détruites », a dit Sani Datti, porte-parole de la NEMA.(...)