
Des centaines de combattants « repentis » du groupe terroriste sont logés dans des camps de transit au cœur de la capitale de l’Etat de Borno.
Des silhouettes désœuvrées sont assises à même le sol, au pied d’un panier de basket. Ces ombres immobiles que l’on distingue difficilement par-delà un mur surmonté de barbelés, sont devenues le cauchemar d’Ibrahim (un nom d’emprunt). « Personne ne nous a informés de ce qu’il se passait », explique ce professeur, qui enseigne dans l’école primaire attenante. « Puis nous avons compris que les autorités utilisaient ce terrain pour loger des gens de Boko Haram, lâche-t-il avec amertume. Ça nous terrorise, car nous savons bien qu’ils sont capables de tout ! »
(...) A la mi-octobre 2021, l’armée nigériane annonçait la reddition de « 13 243 terroristes et leurs familles » à travers tout le nord-est du pays. Ces « sortants » de Boko Haram seraient maintenant près de 20 000 côté nigérian. Au moins 2 000 personnes se sont aussi rendues au Cameroun, selon un décompte datant du mois de septembre. Femmes et enfants composent les trois-quarts des effectifs, mais environ 1 200 combattants et commandants djihadistes ont également choisi de déposer les armes. C’est la plus grande vague de défections jamais enregistrée depuis le début de l’insurrection djihadiste, en 2009, dans la région de Borno.