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Basta !
Au Pérou, pendant que les dirigeants discutent du climat, les mouvements écologistes sont durement réprimés
Article mis en ligne le 8 décembre 2014

Les dirigeants de la planète se retrouvent à Lima, capitale du Pérou, pour une nouvelle conférence sur le climat, un an avant celle de Paris. Particulièrement menacé par le réchauffement, ce pays d’Amérique du sud est pourtant loin d’être exemplaire. Face aux mobilisations de la société civile et des peuples autochtones contre les multiples projets miniers dévastateurs, le gouvernement n’hésite pas à durcir la législation pour réprimer violemment et impunément toute contestation. Et considère tout contestataire comme un « terrucos », un terroriste. La COP 20 se déroule d’ailleurs au sein même du quartier général de l’armée péruvienne, le Pentagonito – le petit Pentagone –, haut lieu de tortures et de disparitions lors de la guerre civile...

Depuis son élection en 2011, le président Humala et ses différents gouvernements n’ont jamais fait de la protection de l’environnement une priorité, au contraire. Alors que le Pérou est un des pays les plus vulnérables au changement climatique, le gouvernement ne cesse de mettre en place des mesures économiques destructrices. Il se dote également d’instruments juridiques lui permettant d’aller plus loin dans sa stratégie de répression, face aux mobilisations croissantes contre les projets d’exploitation minière, pétrolière, ou forestière, menés aux dépens des besoins de l’ensemble de la population.

Un « permis de tuer » face aux mobilisations sociales

Depuis janvier 2014, la police et l’armée ont reçu le feu vert pour mater les mobilisations par la force grâce la promulgation d’une loi spéciale. Aucun policier ni militaire ne pourra être jugé s’il blesse ou tue une personne. Ce qui renforce ainsi la culture de la violence d’État. Cette modification du code pénal a suscité l’inquiétude de l’opinion publique ainsi que de la Defensoria del Pueblo, l’institution étatique chargée de la protection et de la défense des droits humains). Au niveau international, l’Onu s’est prononcé pour son annulation [2] car les possibles conséquences sont dramatiques. (...)

Dans un contexte où les conflits sociaux ne cessent de se multiplier, ce « permis de tuer » ouvre la porte à une répression policière et militaire sans recours. Les bavures et l’impunité des forces de l’ordre pourraient prendre une ampleur considérable puisque les conflits sociaux-environnementaux sont extrêmement nombreux dans le pays. Rien qu’au premier semestre 2014, 211 conflits ont été répertoriés par le 14ème rapport de l’Observatoire des conflits miniers au Pérou. Bien qu’en baisse par rapport aux années précédentes, ce nombre reste élevé. Et les craintes sont fortes quant à la réactivation de nombre d’entre eux, notamment en raison de la récente approbation de mesures économiques plus que polémiques.

Un sous-sol exploité à tout va

Le 3 juillet 2014, le Congrès a adopté le "Paquetazo", une série de décrets visant à relancer l’économie. Car la croissance s’est ralentie : elle n’est plus que de 4% en 2014, alors qu’elle atteignait les 8 à 9% dans les années 2000. Les extraordinaires réserves du sous-sol péruvien, exploitées à tout va, n’y font rien. Le Pérou, classé parmi les cinq premiers producteurs mondiaux d’argent, de cuivre, de zinc, d’étain, de plomb et d’or, subit l’actuelle baisse du prix des matières premières (lire notre interview). Puisque les prix chutent, il faut accroître les volumes, supprimer les freins à la croissance. Et permettre aux multinationales, parfois d’origine française, d’exploiter encore un peu plus les ressources de l’Amazonie (lire notre enquête). (...)