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Fin de la COP29 : les pays riches imposent un accord « néocolonialiste »
#COP29 #neocolonialisme
Article mis en ligne le 26 novembre 2024
dernière modification le 25 novembre 2024

Au bout de la nuit, un accord sur la finance climatique (300 milliards de dollars par an) a été conclu. La somme, près de cinq fois inférieure à celle dont ont besoin les pays du Sud, a provoqué leur colère.

(...) le bruit sec de l’instrument scellant les décisions s’est abattu. Et avant même que les interprètes n’aient fini de traduire, l’homme s’est levé et a enlacé le chef de la branche Climat des Nations unies, sous les applaudissements nourris. Verdict : les États présents à cette 29e conférence des parties à Bakou se sont engagés à verser 300 milliards de dollars (287 milliards d’euros) par an aux pays en développement, bien en deçà de la somme nécessaire comprise entre 1 000 et 1 300 dollars.

Les mines médusées, des observateurs se sont chuchotés leur incompréhension. Certains experts, assis à même le sol, avaient à peine débuté l’analyse de l’ultime version du texte, reçue quelques instants plus tôt. (...)

Empoignant le micro, la négociatrice en cheffe de l’Inde, Chandni Raina, a aussitôt déploré « un incident absolument regrettable » : « Nous avions informé la présidence que nous voulions faire une déclaration avant toute prise de décision. Cela est une mise en scène. » Fusillant d’un regard noir Mukhtar Babayev et son voisin onusien, elle a ajouté : « Nous avons vu ce que vous venez de faire. Utiliser votre marteau et empêcher les parties de s’exprimer n’honore pas la convention. L’Inde s’oppose à l’adoption de ce document. Prenez-en note. »
Une « violation de la justice climatique »

En guise de riposte, le président s’est contenté d’assurer que cette objection serait inscrite au rapport, bien que l’adoption du texte demeure valable. Il n’imaginait sûrement pas le flot de désaveux prêt à déferler sur lui. Diego Pacheco, l’émissaire bolivien, a scandé que « les pays développés devraient avoir honte » d’avoir bâti un tel « outil néocolonialiste », « une arme létale » (...)

Le Malawi, porte-voix des 45 pays les moins avancés, a partagé cette indignation. Portée par de vifs applaudissements, la diplomate nigériane a ensuite qualifié l’adoption express d’affront (...)

Devant ce tollé contagieux, le négociateur du Chili a insisté auprès du président de la COP sur l’absence criante de « consensus », régissant pourtant les enceintes onusiennes.
Le fossé Nord / Sud se creuse

Alors comment l’adoption a-t-elle pu être prononcée ? Une chose est sûre : le multilatéralisme bat de l’aile, plus que jamais auparavant, et le fossé entre les pays du Nord et ceux du Sud semble se creuser de plus en plus. Jusqu’à 4 h 30 du matin, les allocutions se sont enchaînées (...)

Le commissaire européen au climat, Wopke Hoekstra n’a, lui, pas caché sa satisfaction, qualifiant de « véritablement extraordinaire » l’adoption de l’accord. (...)

Visiblement plus sensibles à l’émoi des pays vulnérables, les émissaires d’autres pays du Nord ont teinté de nuances leurs interventions. La Suisse a ainsi déploré une « machine arrière » et condamné « que certains aient dilué l’ambition du texte ». Un « sabotage » aussi pointé du doigt par l’Australie. Le négociateur canadien déclarant, lui : « Nous étions ici pour passer à l’action, nous avons raté le coche. »