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Amnesty International
Au Yémen, l’enfer des détenus sous le contrôle des houthis
Article mis en ligne le 28 mai 2021

Depuis 2014, le groupe armé des Houthis contrôle de vastes zones au Yémen, dont la capitale, Sanaa. Détentions arbitraires, tortures, déplacements et expulsions forcées… des yéménites subissent les sévices des autorités Houthies. Nous nous sommes entretenus avec douze d’entre eux. Enquête.

Notre nouveau rapport, intitulé Released and Exles : Torture, unfair trials and forcible exile of Yemenis under Huthi rule met en lumière le fait qu’au Yémen, des prisonniers sont utilisés comme des pions par les autorités Houthies sur l’échiquier politique.

Ce rapport, est le fruit d’une enquête minutieuse sur ce qu’ont vécu des Yéménites et plus précisément une minorité de non-combattants, parmi lesquelles figurent des journalistes, des opposants politiques et des membres de la minorité religieuse baha’ie. Dans le cadre d’accords politiques en 2020, ils ont été libérés. Mais cela n’efface pas ce qu’ils ont subi pendant des années  : des violences terribles et des détentions illégales. Les détenus que nous avons interrogés dans le cadre de ce rapport n’ont pas connu de répit une fois remis en liberté. Aucun d’entre eux n’a pu rentrer chez lui et retrouver sa famille après des années de séparation forcée. (...)

Le 30 juillet 2020, six détenus baha’is ont été relâchés après avoir passé jusqu’à sept années en détention arbitraire. Au lieu d’être autorisés à rentrer chez eux, ils ont été obligés de quitter le Yémen. À peine libérés, ils ont été transférés directement à l’aéroport de Sanaa. Ils sont montés à bord d’un avion de l’ONU à destination d’Addis-Abeba en Éthiopie, ce qui laisse penser que l’ONU était informée de leur exil forcé.

J’ai supplié les autorités de me laisser voir mon père, mais en vain. Il a 80 ans et je ne le reverrai plus jamais. C’est la chose la plus terrible de toute ma vie, de devoir abandonner mon père derrière moi. 

 Un membre de la communauté baha’ie

Encore aujourd’hui, ces Baha’is expulsés sont toujours bannis du Yémen. (...)

L’exil pour des motifs de croyances religieuses ou d’opposition politique constitue une violation flagrante du droit international relatif aux droits humains. L’exil imposé aux prisonniers baha’is viole l’interdiction de procéder à des déplacements forcés inscrite dans le droit international humanitaire. Cela peut constituer un crime de guerre.
«  On va t’enterrer ici et ta famille ne saura jamais où tu es  »

Les 12 anciens détenus que nous avons interrogés ont, tous, été torturés ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements durant leurs interrogatoires et leur détention. Ils nous ont raconté que les membres des forces houthies les frappaient à coups de barres de fer, de câbles électriques, d’armes et d’autres objets, les plaçaient dans des positions douloureuses, les aspergeaient d’eau, menaçaient souvent de les tuer ou les plaçaient à l’isolement pendant des périodes allant de 20 jours à plusieurs mois.

Un journaliste détenu nous a livré son témoignage. Il raconte avoir été soumis à un simulacre d’exécution pendant qu’il était détenu dans une unité de lutte contre le terrorisme à Hodeida (...)

Des détenus ont ajouté qu’ils avaient été torturés à plusieurs reprises uniquement pour avoir demandé de la nourriture ou de l’eau. Des témoignages insoutenables.
Un tableau terrifiant d’atteintes aux droits humains (...)

Les autorités houthies doivent mettre sans délai un terme à ces agissements, en mettant notamment un terme à l’exil forcé, une violation scandaleuse du droit international. Elles doivent permettre à toutes les personnes exilées de rentrer chez elles. Nous appelons également les autorités houthies à libérer de façon immédiate et inconditionnelle toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits. Cela doit être fait sans prendre de mesures d’exil ni de bannissement.