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le Monde Diplomatique
Au chevet des déchirures maliennes
Article mis en ligne le 27 novembre 2013
dernière modification le 25 novembre 2013

Le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) propose des clés pour comprendre la situation au Mali. Les chercheurs réunis par le laboratoire belge disposent tous d’une expérience de terrain. Au-delà des causes immédiates de la guerre qui a coupé le pays en deux (erreurs commises par l’ancien président Amadou Toumani Touré, corruption généralisée, etc.), tous replacent les événements dans le contexte de la géopolitique du Sahel (1), dans lequel le pays est enclavé. La région est devenue la plaque tournante des trafics les plus divers (drogues, armes) face à des Etats affaiblis par l’échec des politiques de développement et par les thérapies de choc des institutions financières internationales.

(...) Pour survivre ou trouver des débouchés politiques, des mouvements culturels ou sociaux ont petit à petit flirté avec la criminalité et le terrorisme. C’est le cas de certains groupes touaregs dans le nord du Mali. La région est en outre le théâtre de mouvements migratoires, souvent clandestins, en direction de la Méditerranée.

L’intervention occidentale en Libye, au printemps 2011, a littéralement mis le feu aux poudres. (...)

Pour le politiste Marc-Antoine Pérouse de Montclos, le Mali se trouve « dans l’œil du cyclone ». Codirecteur de La Tragédie malienne (3), il explique comment tous les ingrédients de la déstabilisation du Sahel s’y sont soudain trouvés concentrés, plutôt qu’au Niger ou en Mauritanie. L’ouvrage s’attache à l’analyse de l’histoire longue : la construction et les limites du sentiment national au Mali, les racines de la violence depuis la colonisation, les aléas de la construction de l’Etat indépendant… Clemens Zobel souligne les « paradoxes d’un pays où le goût du débat et la nécessité du compromis coexistent avec des tendances à l’autoritarisme et au recours à la violence pour s’emparer du pouvoir… et le garder ».

Dans un contexte régional mouvementé, le Mali est confronté à des défis intérieurs que ses gouvernements successifs n’ont pas su résoudre, notamment la pauvreté et l’insécurité alimentaire. (...)

« Tout le monde attend encore aujourd’hui un traitement social de la question sahélienne », constate Bertrand Badie dans sa préface de La Guerre au Mali. Si les sources de déstabilisation sont nombreuses, la plupart des auteurs font preuve d’un optimisme raisonné, soulignant l’exceptionnelle capacité de résilience d’une population qui bénéficie du soutien moral et financier d’une diaspora importante.