
Au Soudan, au moins 15 personnes sont mortes dans une frappe de drone sur le marché de la ville assiégée d’el-Facher, ont rapporté, mercredi, une source médicale et un comité militant de cette grande ville du Darfour, où se concentrent désormais les combats. Selon un émissaire américain, l’aide humanitaire pourrait bientôt entrer à El-Facher.
Une nouvelle frappe meurtrière au Darfour. Une attaque de drone a fait 15 morts sur le marché de la ville assiégée d’El-Facher, dans l’ouest du Soudan, a rapporté, mercredi 24 septembre, une source médicale et un comité militant de cette ville du Darfour devenue le principal front de la guerre entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR).
Le bombardement, qui a eu lieu mardi soir, "a causé la mort de 15 citoyens et blessé 12 autres, dont trois dans un état critique", a déclaré à l’AFP une source médicale à l’hôpital de la dernière ville de la région sous contrôle de l’armée régulière.
De son côté, la "coordination des comités de résistance", qui documente les violences du conflit qui ravage le Soudan depuis plus de deux ans, a fait état de 27 morts et blessés, dénonçant un "massacre" des paramilitaires des FSR, en guerre contre l’armée régulière depuis avril 2023.
Espoir pour l’aide humanitaire
L’émissaire américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a émis l’espoir mercredi que l’aide humanitaire pourra prochainement rentrer à El-Facher. "Espérons que dans les prochains jours, nous commencerons à voir arriver cette aide tant attendue", a-t-il déclaré à des journalistes, en soulignant que les paramilitaires des FSR avaient accepté d’autoriser l’entrée de l’aide dans la ville assiégée. "Nous avons discuté avec les FSR et nous sommes mis d’accord sur un moyen de permettre l’acheminement de cette aide humanitaire. Cela se concrétise au moment même où nous parlons", a-t-il ajouté.
L’émissaire américain, un proche du président Donald Trump, rendait compte d’une réunion des pays du "Quad" sur le Soudan (États-Unis, Égypte, Arabie saoudite, Émirats arabes unis) qui s’est tenue en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York et au cours de laquelle les quatre pays "ont réaffirmé l’importance de mettre fin au conflit au Soudan, de rétablir la paix et de répondre aux besoins humanitaires du peuple soudanais", selon un message sur le réseau X. (...)
Dernière grande ville tenue par l’armée dans la vaste région du Darfour, El-Facher est devenue le principal front du conflit entre les deux camps. Assiégée depuis plus de 500 jours par les paramilitaires et coupée de toute aide extérieure, la ville abrite environ 260 000 civils, dont la moitié sont des enfants, selon l’ONU. (...)
Les paramilitaires, qui ont perdu une grande partie du centre du pays, avec notamment Khartoum plus tôt cette année, cherchent à consolider leur pouvoir dans l’ouest du Soudan.
Vendredi, au moins 75 personnes ont été tuées dans une mosquée d’El-Facher, après une attaque de drone des forces paramilitaires, en pleine offensive pour s’emparer du chef-lieu du Darfour-Nord. Selon l’Unicef, onze enfants de 6 à 15 ans ont péri dans cette attaque.
L’hôpital local souffre d’une telle pénurie, que le personnel médical "en est réduit à utiliser désormais des tissus de moustiquaires pour bander les plaies", selon la source médicale jointe par l’AFP. "La scène la plus douloureuse pour nous est de voir les blessés souffrir sans avoir les médicaments pour les soigner", a déploré cette source. (...)
Risque de massacres ethniques
Si la ville devait tomber, les FSR contrôleraient totalement la vaste région du Darfour, où l’ONU et des organisations humanitaires ont déjà dénoncé le risque d’exactions, en particulier contre les communautés non arabes, comme celle des Zaghawa, pilier des Forces conjointes alliées à l’armée.
Ces derniers jours, les paramilitaires se rapprochent de sites stratégiques d’El-Facher, selon des images satellites du Humanitarian Research Lab (HRL) de l’Université Yale, aux États-Unis. (...)