
Contre Euralille. Jusque dans son titre, le livre récemment sorti aux éditions Les Étaques par Antonio Delfini et Rafaël Snoriguzzi (confrères de presse indépendante au canard lillois La Brique) ne s’embarrasse pas de faux-semblants. Mais en s’attaquant à la sulfateuse au troisième plus grand centre d’affaires français, c’est surtout l’idéologie métropolitaine qu’ils dénoncent. À Lille comme ailleurs, elle massacre la ville. Démonstration.
Concrètement, ça ressemble à quoi Euralille ? C’est un lieu où il vous arrive de passer ?
« Ça ressemble à un quartier d’affaires moche comme il en pousse un peu partout depuis quarante ans. Un assemblage chaotique de bâtiments gris et noirs, articulé autour d’une gare internationale et d’un énorme centre commercial. On y “passe” effectivement plus qu’on y vit, et pour cause : le quartier, qui a surgi de la plus grosse opération urbaine de l’histoire de la ville, a moins été pensé pour les habitants que pour les investisseurs, les consommateurs et les cadres supérieurs.
Mais le livre ne s’attaque pas simplement à un quartier sinistre, il prend pour cible une matrice économique et sociale, qui se résume assez simplement : il faut renouer avec les bonnes recettes du capitalisme, non plus dans l’industrie mais dans le tertiaire marchand. C’est ce mirage dévastateur, qui a produit le quartier avant d’étendre sa logique à la métropole entière, que le livre prend pour objet. » (...)