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Au large de Lampedusa, plus de 130 noyés et 250 disparus
Article mis en ligne le 4 octobre 2019

Parti de Libye depuis deux jours selon les rescapés, le bateau de migrants, originaires de la Corne de l’Afrique, a fait naufrage hier matin.

« C’est une horreur, une horreur : ils n’arrêtent pas d’apporter des corps », s’exclame la maire de l’île de Lampedusa, au sud de la Sicile. Giusi Nicolini a pourtant la triste habitude d’assister à des drames de l’immigration. Mais devant les dizaines de cadavres alignés sur le port de la petite île, elle n’a pu retenir ses pleurs et crier son indignation.

Au cours de la journée d’hier, le bilan n’a cessé de s’alourdir pour ce qui apparaît comme l’une des tragédies les plus terribles jamais survenue dans le canal de Sicile. Il y aurait au moins 130 morts dont une femme enceinte et deux enfants en bas âge et plus de 250 disparus. Le navire, qui transportait environ 500 personnes, a fait naufrage au petit matin. C’est apparemment en allumant des feux de détresse avec une couverture pour signaler leur présence à des navires marchands que le bateau rempli de migrants s’est embrasé puis a coulé à proximité de Lampedusa.

Cadavres. Alertés par des chalutiers, les garde-côtes italiens ont immédiatement lancé les opérations de sauvetage pour récupérer les migrants qui se sont jetés à l’eau. (...)

Nous avons pu faire monter à bord 18 personnes vivantes et deux morts avant que les vedettes de la marine n’arrivent. » Mais malgré l’intervention des gardes-côtes, seuls 150 migrants, originaires pour la plupart de Somalie et d’Erythrée, ont pu être repêchés. Certains sauveteurs ont parlé de « dizaines de corps qui flottaient dans l’eau » et les vedettes italiennes n’ont cessé de faire des allers-retours pour ramener des cadavres. « Au cours de mes nombreuses années de travail, je n’avais jamais rien vu de semblable », a commenté Pietro Bartolo, l’un des médecins de Lampedusa.

Le passeur présumé, d’origine tunisienne et âgé de 24 ans, aurait été arrêté (...)

« Malheureusement, personne à bord n’avait de téléphone portable et personne n’a averti, comme c’est généralement le cas, le numéro d’urgence et de secours. S’ils avaient eu la possibilité de téléphoner, ils auraient été sauvés. » (...)

Ce drame fait suite à la mort, il y a trois jours, de treize immigrés, pour la plupart érythréens, retrouvés noyés du côté de Raguse (sud-ouest de la Sicile). Et quelques heures seulement avant la tragédie de Lampedusa, un navire avec à son bord 117 Syriens avait été arraisonné, un peu plus au nord, au large de Syracuse. Depuis le début de l’année, ce sont plus de 25 000 personnes qui ont débarqué sur les côtes méridionales de l’Italie, soit au moins trois fois plus qu’en 2012. Le phénomène est en très forte hausse, en raison notamment de la situation au Moyen-Orient. (...)

En Italie, le drame a provoqué une très vive émotion mais aussi des polémiques. Le pape François a évoqué « une honte qui ne doit plus se reproduire ». Le président du Conseil, Enrico Letta, a parlé « d’immense tragédie », et Silvio Berlusconi a décidé - fort opportunément après sa claque, mercredi, au Parlement - de mettre entre parenthèses les questions politiciennes : « La tragédie est trop grande pour que l’on se consacre aux affaires internes de notre groupe parlementaire et de notre parti. » La très xénophobe Ligue du Nord a, en revanche, instrumentalisé le naufrage pour attaquer le gouvernement. (...)

Sans pointer un doigt accusateur vers Bruxelles, le vice-Premier ministre, Angelino Alfano, a tout de même lancé un message et un appel à l’Union européenne en soulignant qu’il s’agissait « d’un drame européen et pas seulement italien ».