Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Au tribunal pour avoir inscrit un adolescent à l’école...
Article mis en ligne le 7 mai 2019

Une activiste du Réseau éducation sans frontières (RESF) passe en procès ce lundi 6 mai à Avignon pour « usurpation de fonction » : elle s’est occupée des démarches pour faire scolariser un adolescent étranger isolé dans un lycée professionnel. Une mission qui revient normalement à l’Aide sociale à l’enfance, dans le cadre d’un processus qui peut durer de longs mois.

« Je reconnais que j’ai fait une erreur. Je me suis bien présentée comme une militante de RESF, mais je n’ai pas barré la mention “représentant légal’” sur le formulaire », dit la militante solidaire. C’est ce qui lui a valu des poursuites de la part du conseil départemental du Vaucluse. Celui-ci reproche à Chantal Raffanel de s’être fait passer pour la représentante légale du jeune, alors que c’est l’Aide sociale à l’enfance (ASE) – qui dépend du conseil départemental – qui est son représentant légal.

Cette erreur a entrainé l’établissement d’une facture de cantine, de 130 euros, au nom du conseil départemental. « Mais cette facture a ensuite été payée par RESF, poursuit la militante. Il n’y a pas eu de préjudice en fin de compte. » Au-delà de ce qui pourrait n’être qu’un imbroglio administratif sans conséquence, Chantal Raffanel et RESF dénoncent un procès qui vise avant tout la solidarité. (...)

Des jeunes qui attendent des mois d’être scolarisés

Les mineurs étrangers isolés dont la minorité est contestée sont mal accompagnés par l’Aide sociale à l’enfance, souligne Chantal Raffanel. « C’est en fait une politique de l’ASE de ne pas scolariser les jeunes. Il y a une discrimination entre les jeunes dont la minorité est confirmée et ceux dont la minorité est contestée et en cours d’étude. » Cet examen peut durer des mois. Pendant ce temps, les jeunes sont à l’hôtel, sans aucune scolarisation. « Le jeune que j’ai inscrit au lycée est venu nous voir en disant qu’il voulait aller à l’école. Cela arrive souvent que nous soyons ainsi sollicités. Et l’Éducation nationale leur trouve toujours une place rapidement. »

Le mineur étranger que le militante a inscrit en lycée professionnel a pu poursuivre sa scolarité. Sa minorité a finalement été reconnue par le juge des enfants. Il est maintenant en apprentissage, a obtenu un titre de séjour de la durée de son contrat. « Et son patron veut l’embaucher ensuite, se réjouit Chantal Raffanel. Mais au début, l’ASE avait dit qu’il était majeur et il avait reçu une obligation de quitter le territoire. C’est une famille solidaire qui l’a accueilli. »

Les pouvoirs publics misent aujourd’hui en fait plutôt sur le fichage. Un décret de janvier 2019, qui met en œuvre la récente loi « asile et immigration » (voir notre article), a mis en place un fichier national des mineurs non-accompagnés dit d’« Appui à l’Évaluation de la Minorité ». Ce décret prévoit que les mineurs soient enregistrés auprès des préfectures avant même de voir un employé de l’Aide sociale à l’enfance. Des préfectures qui inscriront dans un fichier leurs empreintes, leur état civil, la référence des documents d’identité, la date et les conditions de l’arrivée en France…

Selon la communication du ministère de l’Intérieur, ce nouveau fichier « vise avant tout à la protection de l’enfance ». Ce n’est pas l’avis de 19 associations et syndicats (dont l’Unicef, la Cimade, le Syndicat de la magistrature) qui en ont contesté la légalité devant le Conseil d’État en février. En vain. (...)
Plutôt que l’école, le fichage