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"J’avais des chambres vides, ils dormaient dehors", Claire a créé un refuge pour mineurs isolés étrangers
#MNA #migrants #immigration #solidarite #hebergement
Article mis en ligne le 15 octobre 2025
dernière modification le 13 octobre 2025

Face à la détresse des jeunes migrants à la rue, Claire Lelièvre a décidé d’agir. Ce qui a commencé par un accueil chez elle est devenu un véritable projet de société : la création de maisons d’accueil semi-autonomes à Nantes, portées par des bénévoles.

Claire se souvient parfaitement du jour où elle a ouvert la porte à Moussa. Ce jeune garçon venait de passer une nouvelle nuit dehors. Elle l’a accompagné jusqu’à sa chambre, dans la maison qu’elle venait d’ouvrir pour accueillir des mineurs isolés étrangers.

"Je lui ai dit “ça, c’est ta chambre”, et son regard… Je ne l’oublierai jamais", raconte-t-elle, encore émue. À cet instant, Claire Lelièvre a pleinement mesuré l’impact de son engagement. (...)

Le déclic d’une injustice vécue au quotidien

"Je voyais des jeunes dormir devant la gare de Nantes, là où je range mon vélo tous les matins. Et moi, j’avais des chambres vides. C’était illogique." Quand Claire s’installe à Nantes avec son conjoint, elle travaille pour l’Agence française de développement, une banque publique qui finance des projets d’éducation et de transition écologique dans les pays du Sud. Son quotidien est stable, confortable, mais voir ces jeunes à la rue la perturbe. (...)

Claire décide d’agir et contacte le réseau des hébergeurs solidaires. Et puis très vite, elle se retrouve à héberger deux jeunes filles migrantes. Puis ça s’enchaîne, avec des garçons. Jusqu’à quatre jeunes, en même temps, pendant plusieurs mois. "C’est comme si je devenais la maman de quatre ados du jour au lendemain. Il fallait gérer la scolarité, les repas, les activités… C’était sportif, mais formidable." Petit à petit, l’évidence s’impose : pour aller plus loin, il faut structurer. (...)

De l’hébergement d’urgence à la création d’une association

Claire saute le pas et décide de fonder l’association Maison Jeunes Migrants, avec l’objectif d’ouvrir des maisons d’accueil semi-autonomes pour des mineurs isolés étrangers, laissés sans solution en attendant que la justice reconnaisse leur minorité. Le principe : des maisons en colocation, avec des jeunes encadrés par des binômes de bénévoles, dans un esprit de confiance et d’autonomie progressive. (...)

Aujourd’hui, son association compte une quinzaine de bénévoles et a déjà permis à plusieurs jeunes de retrouver stabilité, sécurité et espoir. (...)

Tous ont en commun une soif d’apprendre, une résilience et un esprit de solidarité.

« Ce sont des jeunes qui ont connu l’exil, la fatigue, les traumas, mais ils arrivent avec une telle motivation, une telle force de vie… C’est une leçon quotidienne. Ces jeunes n’attendent qu’une chose : qu’on les soutienne, qu’on les aime. » Claire Lelièvre (...)

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"J’avais des chambres vides, ils dormaient dehors", Claire a créé un refuge pour mineurs isolés étrangers
Johann Pailloux, Yelenah Wellez
7–8 minutes

Face à la détresse des jeunes migrants à la rue, Claire Lelièvre a décidé d’agir. Ce qui a commencé par un accueil chez elle est devenu un véritable projet de société : la création de maisons d’accueil semi-autonomes à Nantes, portées par des bénévoles.

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Claire se souvient parfaitement du jour où elle a ouvert la porte à Moussa. Ce jeune garçon venait de passer une nouvelle nuit dehors. Elle l’a accompagné jusqu’à sa chambre, dans la maison qu’elle venait d’ouvrir pour accueillir des mineurs isolés étrangers.

"Je lui ai dit “ça, c’est ta chambre”, et son regard… Je ne l’oublierai jamais", raconte-t-elle, encore émue. À cet instant, Claire Lelièvre a pleinement mesuré l’impact de son engagement.

L’accueil du premier jeune accompagné dans sa famille d’accueil • © Claire Lelièvre

"Je voyais des jeunes dormir devant la gare de Nantes, là où je range mon vélo tous les matins. Et moi, j’avais des chambres vides. C’était illogique." Quand Claire s’installe à Nantes avec son conjoint, elle travaille pour l’Agence française de développement, une banque publique qui finance des projets d’éducation et de transition écologique dans les pays du Sud. Son quotidien est stable, confortable, mais voir ces jeunes à la rue la perturbe.

J’avais la sensation d’être privilégiée. Une injustice qui me rongeait.

Claire Lelièvre

Claire décide d’agir et contacte le réseau des hébergeurs solidaires. Et puis très vite, elle se retrouve à héberger deux jeunes filles migrantes. Puis ça s’enchaîne, avec des garçons. Jusqu’à quatre jeunes, en même temps, pendant plusieurs mois. "C’est comme si je devenais la maman de quatre ados du jour au lendemain. Il fallait gérer la scolarité, les repas, les activités… C’était sportif, mais formidable." Petit à petit, l’évidence s’impose : pour aller plus loin, il faut structurer.

durée de la vidéo : 00h05mn08s

Claire Lelièvre, fondatrice d’un refuge pour mineurs isolés étrangers

Claire saute le pas et décide de fonder l’association Maison Jeunes Migrants, avec l’objectif d’ouvrir des maisons d’accueil semi-autonomes pour des mineurs isolés étrangers, laissés sans solution en attendant que la justice reconnaisse leur minorité. Le principe : des maisons en colocation, avec des jeunes encadrés par des binômes de bénévoles, dans un esprit de confiance et d’autonomie progressive.

Les bénévoles de Maison Jeunes Migrants • © Claire Lelièvre

"On avait besoin de sortir du modèle de l’hébergement individuel chez les familles. Il fallait penser plus grand, de manière plus collective", explique Claire, qui s’est inspirée d’une autre structure associative, Égide Solidarité 44, pour imaginer le fonctionnement. Aujourd’hui, son association compte une quinzaine de bénévoles et a déjà permis à plusieurs jeunes de retrouver stabilité, sécurité et espoir.

Claire évoque les parcours d’Ibrahim, Abdoulaye, Zacharia, avec fierté, admiration, et souvent, une étincelle dans la voix. Abdoulaye, camerounais, a appris à nager en trois semaines pour pouvoir intégrer le lycée professionnel maritime Jacques Cassard de Nantes.

La rentrée d’Abdoulaye au lycée professionnel Jacques Cassard à Nantes • © Claire Lelièvre

Ibrahim, scolarisé au collège Saint-Blaise à Vertou, a intégré l’équipe nationale U17 du club de la commune. "Un coach m’a appelé pour me dire : “Vous avez une pépite du foot à la maison !" Tous ont en commun une soif d’apprendre, une résilience et un esprit de solidarité.

Ce sont des jeunes qui ont connu l’exil, la fatigue, les traumas, mais ils arrivent avec une telle motivation, une telle force de vie… C’est une leçon quotidienne. Ces jeunes n’attendent qu’une chose : qu’on les soutienne, qu’on les aime.

Claire Lelièvre

L’ouverture de la première maison de l’association, en juin 2025, marque un tournant. "On a eu la chance qu’un promoteur immobilier nous prête une maison vouée à être démolie. On l’a transformée en lieu de vie." Mais la joie de cette première réalisation se double d’une inquiétude : comment pérenniser le modèle ? "On a la maison pour six mois, peut-être un an. Et après ? On a besoin d’autres lieux, d’autres maisons, d’autres partenaires." Claire lance un appel aux promoteurs, bailleurs, collectivités : mettre un logement vacant à disposition peut changer des vies.

Bénévoles, maisons, dons : les besoins sont là. L’association a aujourd’hui trois besoins majeurs :

  • Des maisons : prêtes à être prêtées temporairement pour loger les jeunes.
  • Des binômes de bénévoles : pour encadrer les colocations et accompagner les jeunes au quotidien.
  • Des dons financiers : "Le développement et la survie de l’asso dépendent de nos finances."

(...) L’arrivée de son premier enfant renforce encore les convictions de Claire. "Je suis super heureuse à l’idée qu’il grandisse dans ce milieu, entouré de jeunes qui ont de telles valeurs. Ils seront comme de grands frères. Ils me donnent des ailes. Quand je les vois, tout devient possible."