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« Aux États généraux de l’alimentation, le débat sur la faim dans le monde est biaisé »
Article mis en ligne le 26 octobre 2017
dernière modification le 25 octobre 2017

Les États généraux de l’alimentation consacrent un atelier à la question de la faim dans le monde, parce que la politique agricole française a une incidence sur l’insécurité alimentaire. Mais la question n’est pas abordée franchement, et plusieurs ONG ont décidé de quitter l’atelier. Elles s’expliquent.

Clara Jamart est coordinatrice du plaidoyer à Oxfam France. L’ONG, avec quatre autres associations de solidarité internationale — Action contre la faim, le Secours catholique, Agronomes et vétérinaires sans frontière et le CCFD Terre solidaire — a décidé, vendredi 20 octobre, de quitter l’atelier 12 des États généraux de l’alimentation, consacré à la lutte contre l’insécurité alimentaire au niveau international.

Clara Jamart — Nous ne pouvions plus taire notre déception. Depuis le départ, nous nous sommes énormément investis dans cet atelier et dans les États généraux. Nous avons été en contact permanentent avec les ministères impliqués, nous avons fait des propositions écrites.

Sur cet atelier 12, nous avons poussé pour une prise en compte de la dimension internationale. La faim dans le monde augmente : 815 millions d’enfants, de femmes et d’hommes souffrent de la faim. C’est un fléau mondial. Les paysans et paysannes qui produisent 70 % de la nourriture de la planète sont aussi les premières victimes de la faim. Et la France a sa part de responsabilité et son rôle à jouer.
Mais la note de cadrage et l’ordre du jour que nous avons reçus une semaine avant l’atelier sont loin d’être à la hauteur des enjeux, et du niveau d’ambition. Nous avions demandé à ce qu’une personne de l’Agence française de développement (AFD) ou un représentant de la société civile des pays du Sud viennent témoigner de la situation. Au lieu de cela, le gouvernement a convié des membres de la Fondation Avril et de la Fondation Crédit agricole pour parler d’investissements agricoles responsables. Et les solutions proposées étaient anecdotiques et insuffisantes : ce n’est pas en débattant de l’organisation d’un colloque annuel sur les bonnes pratiques en matière d’investissements agricoles que l’on pourra s’attaquer efficacement au problème de la faim. Nous avons besoin de mesures structurelles.
Une seule journée de débats pour aborder les questions liées à la faim dans le monde, c’est déjà très peu. Mais si cette journée ne sert pas, au moins, à poser les questions fondamentales du rôle de la France dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale, elle n’est plus qu’une mascarade.
Nous avons alerté les ministères, en vain : impossible de changer l’ordre du jour ou les intervenants. Nous avons donc décidé de ne pas cautionner cette réunion par notre présence. Les débats étaient posés de manière biaisée. Cet atelier n’était pas sérieux. (...)