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Aux ratiocineurs assado-poutiniens de France et d’ailleurs
Philippe Marlière
Article mis en ligne le 17 décembre 2016

Une lecture ambivalente de la tragédie d’Alep a pris corps dans des cercles de la gauche « radicale ». Celle-ci efface des débats les combattants pour une Syrie libre et démocratique qui s’opposent à la fois à la dictature d’El-Assad et à Daech. Ce discours impérialiste français, qui s’oppose à l’impérialisme étatsunien, renie plus d’un siècle de traditions et de luttes internationalistes.

Le niveau de tartufferie et de cynisme de carriéristes politiques et autres « intellos » de salon a atteint la cote d’alerte. Le seul acte de « bravoure » de ces acteurs consiste à prendre à rebrousse-poil les « médias-à-la-solde-des-États-Unis-qui-désinforment ». Ce discours révisionniste que l’on nous sert à grosses louches ces jours-ci sur les réseaux sociaux est un poison mortel à gauche.

Il faut admirer la plasticité et l’adaptabilité idéologique d’une argumentation qui procède essentiellement par diversions (« Pourquoi ne parlez-vous pas des autres guerres ? »), par le biais de recensions comptables « objectives » (« cela fait six mois que l’on nous annonce la destruction du dernier hôpital à Alep-Est ») et d’affirmations aussi idiotes que scandaleuses, vite démenties quand les critiques enflent (« Poutine va régler le conflit en Syrie »).

Cette péroraison insidieuse prend corps aussi bien dans le mainstream de la gauche dite « radicale » que dans les cercles conspirationnistes et, évidemment, dans la fachosphère. C’est un discours de sens commun qui alterne les propos sibyllins et équivoques, et des affirmations tapageuses. Quand des voix à gauche se rebellent, le ratiocineur assado-poutinien bat provisoirement en retraite, joue à la victime, à l’incompris : « on a déformé mes propos, c’est une conspiration des médias capitalistes, etc. ». Cette rhétorique fonctionne en boucle, et malheureusement convainc des esprits bien disposés en général.

Ce poison mortel à gauche, cette (dé)raison soi-disant « anti-impérialiste » sert aujourd’hui de prêt-à-penser d’un combat qui renie plus d’un siècle de traditions et de luttes internationalistes. L’internationalisme de gauche est un humanisme intégral : il est bien entendu anti-belliciste, anti-impérialiste et se range aux côtés des opprimés, fussent-ils citoyen-nes cubain-nes ou vénézuélien-nes. Un régime de gauche qui ne respecte pas les droits élémentaires humains doit être considéré comme oppresseur même s’il est progressiste sur le plan socio-économique. Et tant pis s’il faut désespérer le Billancourt géopolitique. L’internationaliste de gauche ne choisit pas ses guerres : il les condamne toutes. (...)