
La couverture médiatique du djihadisme et de ce qu’on nomme l’Organisation de l’État islamique (OEI) fourmille le plus souvent de mythes, de légendes et d’inexactitudes, portés par des experts autoproclamés et des livres abscons, parce que ce champ a été sous-estimé par la recherche avant les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher en janvier 2015. Néanmoins, certains ouvrages de journalistes s’avèrent utiles et éclairants.
Ainsi des deux livres du reporter David Thomson, dont le dernier, Les Revenants (Seuil, 2016), a fourni de précieux témoignages de djihadistes français partis en Syrie et en Irak. La journaliste du Monde Hélène Sallon revient quant à elle sur une guerre qu’elle a couverte « immergée au sein de l’armée irakienne » (1). Ses sources ne sont pas djihadistes, et son but n’est pas « de confondre ou d’accabler » les sympathisants de l’OEI, mais de recueillir les témoignages d’habitants de Mossoul pour décrire « le martyre qu’a été la vie sous le règne de l’État islamique » entre 2014 et 2017 (...)
Nicolas Hénin. Désormais président de la société de conseil Action résilience, l’ancien journaliste, otage de l’OEI en 2013-2014, publie Comprendre le terrorisme (3), un texte qui permet d’enfoncer le clou : non, l’OEI et le djihadisme ne vont pas disparaître comme par enchantement. « La menace de cette mouvance est globale (…) et persistante, écrit-il. Elle a montré en près de quatre décennies d’existence sa capacité d’évoluer, de s’adapter, de capitaliser son expérience théâtre après théâtre. » En ces temps de déni obstiné et d’ornières sécuritaires, rappeler ces vérités essentielles, ce n’est déjà pas si mal.