
Massacrés par l’armée, les Rohingyas tentent de rejoindre le pays voisin : le Bangladesh. Près de 600.000 personnes ont officiellement franchi la frontière en quelques semaines, plus d’un million en tout.
Ils marchent pieds nus sur le sol brûlant par dizaines de milliers. Au loin, ils ne forment qu’une tâche colorée, compacte. Ils sont encore au pied des montagnes de Birmanie. Il y a d’abord le silence puis, à mesure qu’ils approchent, les uns derrière les autres tant les sentiers de terre des rizières sont étroits, les pleurs des enfants.
Traqués par les militaires birmans, ils n’ont rien bu, ni mangé depuis plus d’une semaine. Soukina, 45 ans, s’appuie sur son fils : "Nous avons mis huit jours à arriver ici. On ne pouvait marcher que la nuit. Les militaires nous massacrent, brûlent les villages, volent les récoltes. Pendant la journée, on se cachait d’eux dans les forêts, dans les arbres, sans rien pour nous abriter."
"Il y a des Birmans, là, dans la rivière, qui nous demandent de l’argent ! 5000 takkas (l’équivalent de 50 euros) par personne ! Après seulement, ils nous laissent passer. Les militaires nous ont tout pris avant la traversée. Ils ont tout gardé, nos bijoux et tout ce qu’on avait de précieux. L’un de mes fils a été assassiné dans mon village. Beaucoup d’enfants qui fuyaient sont restés coincés dans la boue. Ils ont été découpés en morceaux. On a du se cacher dans les montagnes pendant neuf jours", explique le fils de Soukina. (...)