
Coupes rases, usines à bois, disparition des emplois et des savoir-faire… la forêt subit les mêmes dérives industrielles que l’agriculture. Dans la Drôme, un collectif a créé une Amap qui montre qu’une autre forêt est possible.
(...) Avec une vingtaine de familles, Camille a décidé de transposer à la sylviculture le modèle des associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) qui produisent des fruits et des légumes. Camille s’approvisionne désormais en bois de chauffage issu de forêts situées à moins de 35 kilomètres de chez elle auprès de l’Amap formée en une association appelée Dryade, comme la nymphe protectrice de la forêt dans la mythologie grecque.
Lors des chantiers, « on prélève à peine 25 % des arbres, souligne Pascale Laussel, coordinatrice et fondatrice de l’association Dryade. La tendance actuelle est plutôt à la coupe rase. Des parcelles entières disparaissent, jusqu’à dix-neuf hectares d’un seul tenant. » Ici, au contraire, on éclaircit la forêt pour la faire durer plus longtemps : « On enlève les arbres malades, on donne de la lumière aux plus beaux. »
Jardiner au lieu d’exploiter. Les membres du collectif cherchent à maintenir la diversité des essences, des âges et des tailles. (...)
Pour ses chantiers de coupe, Dryade pratique le débardage à cheval. « L’animal travaille avec précision. À l’inverse des machines, il ne tasse pas les sols et n’abîme pas les arbres voisins, explique la débardeuse, concentrée, précise et ferme avec son animal.
« La forêt ne se résume pas à un tas de bois. » Entretenue par les générations passées, elle est un trait d’union avec la population à venir. « Une parcelle se gère au minimum sur cinquante ans. Les arbres élargissent notre vision de court terme et s’imposent comme un bien commun », affirme Pascale. (...)