
La publication en France du livre d’Andrés Ruggeri sous le titre « Occuper, résister, produire, Autogestion ouvrière et entreprises récupérées en Argentine » aux éditions Syllepse arrive à point nommé pour rappeler que le phénomène de récupération d’entreprises en Argentine n’est pas qu’un lointain souvenir de la crise de 2001 et qu’il s’est ancré durablement dans la réalité de la classe ouvrière de ce pays .
Qu’en perdurant, « le phénomène est devenu « processus » au sens de « modalité réitérée d’action des ouvriers » comme l’atteste de nouveau la dernière enquête de l’université de Buenos Aires, démontrant ainsi que les récupérations se poursuivent.
Car le travail de recherche sur le processus argentin réalisé par l’équipe du programme Facultad Abierta de l’université de Buenos Aires et dirigé par Andrés Ruggeri, joue un rôle essentiel dans l’ « essaimage » des expériences en Amérique latine et au-delà. Il donne à voir que ce que les travailleur-se-s argentin-e-s ont pu démontrer en refusant la logique financière et la fermeture de leurs entreprises est possible ailleurs. Que grâce à la solidarité et la ténacité, il est possible de freiner la voracité de la logique capitaliste et de questionner la sacro-sainte propriété privée. Leur exemple a d’ailleurs fini par traverser les océans, comme en témoigne l’apparition d’entreprises récupérées par les travailleur-se-s en Europe, telles que Vio.me en Grèce, Rimaflow en Italie ou SCOP TI (ex-Fralib) et la Fabrique du Sud (ex-Pilpa) en France. Mais l’équipe de Facultad abierta ne s’est pas contentée d’investiguer sur le processus argentin et, dès 2007, elle a initié les rencontres de l’ « Économie des travailleur-se-s », préfigurant la constitution d’un réseau international, qui n’a cessé dès lors de s’étoffer. (...)