
Peut-on mettre en avant des initiatives qui changent le monde et soutenir, en parallèle, des projets industriels désastreux ? Peut-on à la fois placer ses fonds dans 360 filiales de paradis fiscaux et judiciaires, et proposer une exposition qui promeut l’ingéniosité collective et la défense des biens communs ? C’est le grand-écart que réalise BNP-Paribas, en organisant l’exposition Wave, dans le parc de la Villette, à Paris.
Depuis le 10 septembre, la banque a choisi de donner de la visibilité à une vingtaine de « projets emblématiques », autour de cinq courants : les makers (« les génies amateurs intègrent la chaîne de production »), l’économie circulaire (« produire et consommer en s’adaptant à la production et à la consommation de son environnement »), l’économie inclusive (« démarche commerciale visant à faire passer le bien commun avant la maximisation des profits »), la co-création (« innovation industrielle fondée sur les suggestions du plus grand nombre »), et l’économie du partage. On y découvre notamment l’éco-quartier Vauban de Fribourg, en Allemagne ou des jardins partagés de Seattle ; aux côtés d’un drone pour nettoyer les océans, du site de co-voiturage Blablacar, d’un hôpital indien qui a revu son organisation pour réduire ses coûts afin d’accueillir le maximum de patients...
Bref, « des hommes et des femmes de tous les horizons qui partagent une vision positive de l’avenir », comme l’affirme la présentation de BNP-Paribas. (...)
Des relais de croissance, BNP-Paribas en a trouvés un peu partout à travers le monde. Et beaucoup ne mettent pas en avant l’ingéniosité collective que la multinationale se targue de promouvoir, encore moins le respect de l’environnement. Elle finance par exemple activement le secteur du charbon – qui représente un tiers des émissions globales de gaz à effet de serre –, en Afrique du Sud, en Inde, ou aux États-Unis, ou les sables bitumineux canadiens (lire notre article).
Elle investit aussi dans l’extension des mines d’or de la région de Cajamarca, au Pérou, à travers une de ses filiales implantées au Luxembourg (lire notre article). Depuis 2011, la population locale se soulève contre ce projet qui met en péril la vie de milliers de paysans. Mais, comme l’affirme la banque française, « l’heure n’est plus aux confrontations mais à l’action conjointe : citoyens, associations, ONG, collectivités locales, petites et grandes entreprises mettent en œuvre des idées nouvelles pour un monde meilleur ». Un monde meilleur dont BNP-Paribas est-elle vraiment soucieuse ?
L’exposition Wave représente en tout cas une belle opération de communication. (...)