Une information judiciaire pour complicité de crimes contre l’humanité, de génocide, d’actes de torture et de barbarie a été ouverte à Paris. La banque a déjà été sanctionnée aux Etats-Unis.
Un an après le dépôt d’une plainte par neuf activistes soudanais, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme, la justice française va enquêter sur les agissements de la banque française BNP Paribas au Soudan, entre 2002 et 2008. Le tribunal de Paris a décidé, le 26 août, d’ouvrir une information judiciaire visant l’établissement bancaire pour complicité de crimes contre l’humanité, de génocide, d’actes de torture et de barbarie. « Nous ne disposons d’aucune information au sujet de cette procédure et nous ne sommes donc pas en mesure de commenter », a indiqué la banque au Monde.
Pour accéder illégalement aux marchés, financer ses exportations de pétrole et probablement pour soutenir sa sale guerre, le régime militaro-islamiste de Khartoum a pu compter sur la première banque de la zone euro et ainsi contourner l’embargo économique américain. (...)
Son client était une dictature accusée par Washington de soutenir le terrorisme et par la communauté internationale de massacrer son peuple. La banque française BNP Paribas ne pouvait ignorer que le régime soudanais orchestrait des massacres contre sa population, notamment au Darfour (ouest du pays) à compter de 2003. La situation était qualifiée, en 2004, de « plus grande catastrophe humanitaire actuelle » par les Nations unies. La Cour pénale internationale a plus tard accusé Omar Al-Bachir, le chef d’Etat d’alors (1989-2019), de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.
Bien consciente de traiter avec des entités soudanaises visées par des sanctions américaines, BNP Paribas avait mis en place un « système sophistiqué de banques satellites » destiné à dissimuler l’origine des fonds transitant dans les tuyaux bancaires à travers le monde. Elle n’ignorait rien non plus des violations des droits de l’homme et des crimes perpétrés contre des civils par ce régime. (...)