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Rue 89|le Nouvel Observateur
Bah alors, pape François, tu la fais, la révolution sur la famille ?
Article mis en ligne le 19 octobre 2014

A moins d’avoir passé la semaine dans un cloître (et encore...), vous avez forcément entendu parler ces derniers jours d’une « révolution » au Vatican. Il s’y serait passé un truc de fou, un « changement de paradigme », un événement « historique », voire un début de « concile Vatican III »... Rien que ça !

Puis samedi soir, tout le monde s’est ravisé. Finalement, la révolution n’aurait pas (encore) lieu, les évêques n’étant pas d’accord sur la façon dont l’Eglise entend agir face aux homos et aux divorcés-remariés.

Sauf que dans la réalité, c’est forcément beaucoup plus compliqué. Et ce qui est novateur dans l’action du pape n’est pas forcément ce que l’on croit.
Le synode, rien qu’un outil consultatif

D’abord, rappelons que ce qui s’est déroulé ces deux dernières semaines est un synode, rassemblement de quelque 200 évêques, censés plancher sur la façon dont l’Eglise doit envisager les questions relatives à la famille, dans une société où son « modèle idéal » du mariage indissoluble n’est plus en phase avec la réalité.

Un synode n’édicte aucun texte de « loi », il est purement consultatif, et ne constitue qu’une étape d’un long processus qui vient à peine de démarrer.

Deux textes ont été publiés : un rapport d’étape, le 13 octobre, puis le texte final, qui sera envoyé dans les diocèses, où chacun sera invité à poursuivre la réflexion au niveau local, avant un prochain synode en octobre 2015. Et c’est le pape François qui prendra ensuite les décisions. Bah oui, difficile de lire un processus dans une institution qui n’a rien d’une démocratie.

Sachant cela, peut-on quand même dire quelque chose de fiable sur ce qui se trame dans l’Eglise aujourd’hui ? Cela pourrait-il déboucher sur de réels changements ?

Un style neuf, une ligne classique

Sur le fond, la ligne du pape François (que l’on a clairement retrouvé dans le texte de mi-parcours du synode) n’a rien de résolument neuve. Lorsqu’il martèle qu’il faut que l’Eglise soit miséricordieuse, aille aux « périphéries » de l’existence, plutôt que de rappeler la « Vérité », il se place dans un discours inverse à celui de Benoît XVI, pour qui il fallait partir du dogme pour arriver à la charité.

Mais cette inversion de style ne change rien au fond. (...)

Reste que la bataille pour l’ouverture menée par le pape François n’est pas gagnée d’avance.

C’est en tous cas l’avis du sociologue Olivier Bobineau, auteur de « L’Empire des papes » (CNRS Editions, mars 2013) :

« Nous sommes face à un affrontement entre deux herméneutiques : celle de la rupture et celle de la continuité. Clairement, le pape François souhaite amorcer la rupture, mais pourrait bien être victime d’une institution qui a 1 500 ans d’herméneutique de la continuité derrière elle.

La seule chose qu’il pourra peut-être faire, c’est couper le bois mort. C’est déjà ce qui s’est passé avec Vatican II.

Oui, des solutions pourront être trouvées pour les divorcés-remariés, c’est d’ailleurs déjà ce qui se fait en Allemagne. Mais le tronc restera le même. Le pape ne touchera pas à la structure hiérarchique, car cela changerait la nature même de l’Eglise, qui ne serait dès lors plus l’Eglise catholique romaine. »

En attendant, le pape François a béatifié ce dimanche son prédécesseur Paul VI. Un pape qui a mené à bien le concile Vatican II mais a également condamné l’utilisation de la pilule contraceptive