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Bataille de lobbying sur les sables bitumineux
Article mis en ligne le 25 février 2012

Quelle sera l’attitude de l’Europe face au pétrole sale ? Une directive européenne plus sévère à l’égard des sables bitumineux reste en suspens. Entre intérêts pétroliers et arguments environnementaux, la France et ses voisins peinent à faire un choix.

Jeudi 23 février, des représentants des gouvernements européens se réunissaient à Bruxelles pour voter sur les modalités de mise en œuvre de la directive sur la Qualité des carburants.

Mais ces experts n’ont pu dégager une majorité, ni pour, ni contre le texte. Ils sont restés partagés sur un amendement proposé par la Commissaire européenne à l’environnement. Connie Hedegaard entend que soit prise en compte « l’intensité en gaz à effet de serre » des carburants. Ce qui classerait ceux issus des sables bitumineux et des huiles de schistes comme particulièrement polluants, ce qui constituerait un frein à leur importation en Europe.

Sables bitumineux et huiles de schiste, ces carburants « non conventionnels », font hurler les défenseurs de l’environnement. Greenpeace y voit une « aberration énergétique, climatique et environnementale ». Leur méthode d’extraction surtout, comme celle des gaz de schiste, tout aussi controversés, se révèle particulièrement polluante. « Le développement mondial des sables bitumineux va amplifier la crise climatique et nuire aux objectifs en faveur du développement et de l’environnement », dénoncent Les Amis de la Terre. (...)

Le Canada, qui possède avec les sables bitumineux de son sous-sol la deuxième réserve mondiale de pétrole, n’a cessé depuis 2009 de faire pression sur l’Europe. De même que les grandes compagnies pétrolières qui misent sur ces nouvelles ressources. Total, par exemple, a investi dans l’exploitation des sables bitumineux au Canada, ou encore à Madagascar.

L’autre camp a aussi son réseau de lobbying. Le 16 février, 8 anciens Prix Nobel de la Paix adressaient une lettre ouverte aux chefs d’États européens. « Nous vous exhortons à soutenir la proposition de la Commission européenne et à dire non aux sables bitumineux fortement polluants », écrivent-ils.

Résultat de cette bataille des pour et des contre : la question reste en suspens. Lors de la réunion des experts le 23 février, les représentants français ont choisi de s’abstenir, comme l’ont fait le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou l’Allemagne.
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A l’origine, la France comme le Royaume-Uni soutenaient la position de Connie Hedegaard. Mais cette position s’est infléchie : « depuis plusieurs mois, il y avait une opposition entre le ministère de l’Environnement et Bercy, avec Matignon en arbitre », note Juliette Renaud, chargée de campagne sur les Industries extractives aux Amis de la Terre France. Matignon, qui vient de reprendre les attributions du ministère de l’Écologie, a donc choisi de ne rien arbitrer. Un pis aller : les Amis de la Terre craignaient que Matignon en vienne « à céder aux lobbies et à voter contre la proposition de la Commission européenne. »

Tout comme les ONG, Connie Hedegaard fustige les pressions pétrolières (...)

L’examen de la directive sera désormais soumis aux ministres européens de l’Environnement, en juin. C’est donc, pour la France, le prochain gouvernement qui sera amenée à prendre une décision.

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