
Début des années septante, la crise économique touche de plein fouet le tissu industriel wallon. Les
fermetures d’entreprises se multiplient. Des travailleurs, privés brutalement de leur emploi, recourent
à des nouvelles formes de luttes. Ils occupent les usines. Pour sauver l’outil ou garder les clients,
ils produisent, vendent et suppléent le patronat défaillant. L’expérience autogestionnaire de LIP, à
Besançon, en France, sert de modèle. Ce nouveau mode d’action qui remet en question le principe
de la propriété de l’actionnaire et de l’autorité du patronat, puise sa justification dans les débats
menés, dans la foulée de mai 68, par le mouvement ouvrier sur le contrôle ouvrier, l’autogestion et
la cogestion.
La Belgique connaît des expériences similaires, dans des entreprises où les travailleuses sont majoritaires.
Elles s’engagent dans la lutte pour la sauvegarde de leur emploi. La création de coopérative
de production autogérée est vécue comme un moyen de suppléer au manque d’initiative industrielle
et comme alternative au chômage. (...)
Le travail autogéré a des répercussions sur toute la vie, même en dehors de l’entreprise. Lutte de travailleuses,
c’est aussi une lutte de femmes. Ouvrière en autogestion le jour, elles doivent assumer
leur rôle traditionnel à la maison ! Toutes ne le vivent pas de la même façon et ne trouvent pas nécessairement
le soutien pour faire cette petite révolution. L’une d’elles résumera très bien leur sentiment
: « l’autogestion n’est pas de la tarte mais cela vaut le coup ».(...)