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Basta !
Bientôt des mines près de chez vous ?
Article mis en ligne le 27 juillet 2014
dernière modification le 23 juillet 2014

Avec la raréfaction des métaux et une demande toujours plus forte, l’extraction minière a le vent en poupe. En France, plusieurs permis de recherches ont été accordés dans la Sarthe, la Mayenne, ou la Creuse. Des demandes de permis sont en cours dans d’autres départements. Une ruée vers les minerais qui ne sera pas sans conséquences sociales et environnementales.

Quel impact aura ce soudain intérêt pour le’s métaux de l’Hexagone ? « C’est maintenant, pendant la phase ’’d’exploration’’, que se décide l’avenir », alerte le collectif Aldeah, spécialiste de l’extractivisme, à quelques jours du festival international contre l’exploitation minière, qui se déroulera à Lussac, en Corrèze. (...)

Les innovations multiplient sans cesse les composants métalliques des « biens » individuels de consommation, que la publicité se charge de nous faire acheter. La haute technologie « intelligente » (téléphones, ordinateurs, etc.) et les nouvelles technologies « vertes » (voitures hybrides ou électriques, photovoltaïque, éolien, etc.) engloutissent des quantités toujours croissantes non seulement de cuivre et de silicium, métaux par excellence des applications électriques et électroniques, mais également de platine et de palladium, d’or et d’argent, de gallium et d’indium, de germanium, de titane, de tantale (coltan), de lithium, de cobalt et de terres rares.

Voiture, avion, shampoings, encres... Des métaux partout ! (...)

Les métaux se retrouvent ainsi dans les pigments, les encres et les peintures, les fertilisants, les additifs dans les verres et les plastiques, les pesticides ou les feux d’artifice. Mais aussi : dans les shampoings (sulfure de sélénium, strontium ou mercure), les teintures pour cheveux (bismuth, plomb, cobalt), les rouges à lèvres nacrés (bismuth, un métal lourd associé au plomb), les savons désinfectants (arsenic ou sélénium), les déodorants (aluminium, zirconium, sulfate de zinc), les dentifrices (titane pour colorer en blanc, sulfate de zinc, parfois étain), les lames de rasoirs jetables (cobalt), les fleurs coupées (sulfate de nickel ou nitrate d’argent pour garder la fraîcheur !), les colorants alimentaires (aluminium) ! En 2012, la production mondiale des métaux (extraction et traitements pour séparer les minerais) a dépassé les 3 milliards de tonnes [3].

Une croissance métallo-intensive (...)

La flambée des prix des métaux a ainsi rendu économiquement intéressants des gisements autrefois considérés comme trop pauvres, alors que le développement technologique (notamment la lixiviation au cyanure ou à l’acide sulfurique) permet de récupérer les minerais de plus en plus disséminés. Aujourd’hui, l’extractivisme minier étend ses frontières dans des régions de moins en moins accessibles, sur des territoires indigènes, dans des zones naturelles protégées, mais également dans des aires déjà exploitées auparavant (Rouez, Châtelet, Abbaretz …) en espérant qu’il y reste quelque chose à extraire. Même les stériles, ces montagnes de débris des exploitations passées, contiennent encore des minerais en concentrations infimes. Et sont parfois considérés comme présentant un intérêt. Aujourd’hui, pour l’or, deux grammes d’or extrait par tonne de roche « valent » l’effort !

Une contamination de l’environnement

Les technologies minières modernes étendent non seulement le domaine de l’exploitable, mais également les risques de pollution. (...)

l’exploitation des gisements importants est généralement assumée par les « majors », de grandes entreprises transnationales dotées de considérables capacités technologiques et financières. Mais l’exploration est dévolue aux sociétés dites « juniors », aux faibles moyens et pouvant être créées de toute pièce du jour au lendemain. Les gains que génèrent ces entreprises sont entièrement spéculatifs (...)

Laisser les Majors arriver, c’est rendre beaucoup plus improbable l’abandon du projet. En attendant, l’une des principales tâches des Juniors, dont beaucoup sont tristement célèbres dans les pays du Sud pour leurs méthodes particulièrement violentes et anti-démocratiques, est justement de rendre les projets miniers « socialement acceptables », tout comme de contenir et d’étouffer l’opposition.