Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Disclose
Blocus au Yémen : les preuves de la complicité de la France
Le projet French arms est une enquête initiée par Lighthouse reports, en coopération avec Disclose et avec le soutien d’Arte, Mediapart, Radio France et Bellingcat.
Article mis en ligne le 17 septembre 2019

Disclose et ses partenaires du projet French arms* démontrent, preuves vidéos à l’appui, l’implication de navires de guerre français dans le blocus maritime qui affame la population civile depuis près de cinq ans.

Le 3 septembre dernier, un groupe d’experts de l’ONU a publié un rapport cinglant. Chargés d’enquêter depuis 2017 sur les crimes de guerre perpétrés au Yémen, les auteurs ont affirmé leur « crainte que la famine ait été utilisée comme méthode de guerre » dans le conflit qui ravage ce pays du golfe depuis cinq ans. Six mois plus tôt, Disclose publiait une enquête documentant cette « stratégie de la famine » menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis dans leur guerre contre les Houthis, un groupe rebelle au régime.

Sur la base d’une note classée confidentiel défense, Disclose révélait l’usage massif des bombardements aériens contre des infrastructures alimentaires ou portuaires, ainsi que la participation de navires français dans le blocus maritime mis en place par la coalition, en avril 2015. (...)

Rédigée en octobre 2018 par la direction du renseignement militaire, la note classée "confidentiel défense" obtenue par Disclose mentionnait la participation de deux navires de fabrication française dans le « blocus naval » : la frégate saoudienne de classe Makkah et la corvette lance-missiles émiratie de classe Baynunah. (...)

L’enquête French arms révèle, preuves vidéos à l’appui, qu’au moins deux autres navires de guerre « Made in France » se sont trouvés impliqués dans ce blocus meurtrier. (...)

Une troisième vidéo éclaire le mode opératoire qui peut être utilisé par la coalition pour empêcher les biens de première nécessité de parvenir jusqu’à la population. Et dévoile la présence d’un quatrième navire français dans la zone du blocus. (...)

Une observation attentive de ces images permet d’identifier la frégate Al-Damman, conçue à l’arsenal de Lorient par Naval group. (...)

le groupe d’experts onusiens sur le Yémen tire la sonnette d’alarme. Pour la première fois, il interroge la "légalité des transferts d’armes" de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Unis vers les pays de la coalition et "demande instamment" aux fournisseurs de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis d’interrompre leurs ventes d’armes. (...)

Contactés par écrit, les services du Premier ministre ont répondu aux auteurs de l’enquête que "l’ensemble des transferts [d’armement] est encadré par des impératifs liés à la sécurité nationale mais également au respect des engagements internationaux de la France, dont certains lui imposent des obligations spécifiques". Dans son courriel, Matignon précise que "la question des conditions d’utilisation des armes est examinée au moment de l’évaluation de la demande d’autorisation (en amont de la délivrance de la licence)". Et que celle-ci est "octroyée en fonction des informations disponibles au moment de cet examen". En guise de conclusion, l’exécutif assure que "si les conditions d’utilisation envisagées lors de l’octroi de l’autorisation d’exportation évoluent, la France s’efforce alors de passer des messages adéquats et d’agir de toutes les manières possibles pour conduire à une désescalade, conformément à son rôle de membre permanent du Conseil de sécurité et aux principes fondamentaux de sa diplomatie."

En juillet dernier à Cherbourg, la France a pourtant célébré en catimini la livraison du premier navires intercepteurs HSI en présence d’officiels français et saoudiens. Vingt autres navires devraient être livrés dans les mois qui viennent par la société des Constructions mécaniques de Normandie (CMN). (...)