
La Carte blanche israélienne du prochain Festival de Locarno suscite une vive protestation. Rencontre avec le cinéaste Eyal Sivan, qui dénonce un cinéma instrumentalisé.
Pas de Festival de Locarno sans petite ou grande polémique. Cette année, alors que la 68e édition ne débutera que le 5 août, les esprits s’échauffent déjà. En cause : une Carte blanche accordée au cinéma israélien – sept films en phase de postproduction seront présentés aux professionnels pour faciliter leur finalisation et distribution. En avril dernier, PACBI (Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel) réagit en publiant un appel titré « Ne donnez pas carte blanche à l’apartheid israélien » et paraphé par plus de 200 cinéastes, artistes et acteurs culturels – pour la plupart des pays arabes, mais pas seulement1.
Relayée par le mouvement international BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) et en Suisse par le Comité des artistes et acteurs culturels solidaires avec la Palestine, cette lettre ouverte exhorte Locarno à reconsidérer son partenariat avec le Fonds israélien du cinéma, organe national de financement et de promotion.
Parmi les signataires figure le documentariste israélien Eyal Sivan, qui a réalisé Un Spécialiste, portrait d’un criminel moderne (1999) avec Rony Brauman, Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël (2004) avec le Palestinien Michel Khleifi, ou encore Jaffa, la mécanique de l’orange (2009). De passage cette semaine à Genève pour débattre du sujet, le cinéaste défend avec véhémence le principe controversé du boycott culturel. Entretien. (...)