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Rue 89 Bordeaux
Bras de fer juridique autour du Kabako, le squat des mineurs isolés à Bordeaux
Article mis en ligne le 18 novembre 2020

Alors qu’un conventionnement était annoncé en septembre pour le squat des mineurs isolés étrangers rue Camille-Godard, volte-face du département de la Gironde qui a obtenu un jugement pour l’évacuation des lieux en raison d’un arrêté de péril avant le 24 novembre. L’insalubrité est contestée par les occupants qui font appel à l’association Architectes sans frontières pour une contre-expertise et envisagent de repartir en justice pour obtenir du tribunal une rétractation.

C’est parti d’un mail envoyé début octobre dans lequel le collectif en charge de la gestion du Kabako liste une demande de travaux. Une bénévole qui intervient dans ce bâtiment occupé pour héberger des mineurs isolés ou en recours, et appartenant au département de la Gironde, précise :

« Nous avons demandé l’installation d’un évier plus grand, d’une plaque chauffante, et de douches puisqu’il n’y en a qu’une pour tout le monde [le collectif ne veut pas fournir le nombre de personnes hébergées, « pour ne pas faciliter le projet d’évacuation », NDLR]. »

En retour, l’équipe voit défiler des huissiers et comprend qu’une évacuation des lieux se prépare. Ce mardi soir, un courrier officiel leur a été remis : « la signification d’une ordonnance sur requête qui nous demande de quitter les lieux avant le 24 novembre ».

« On nous dit en gros que les locaux ne sont pas adaptés à la vie sur place. Alors que tout va bien et on pensait même qu’on était en négociation avec eux pour reconnaître notre travail », ajoute une autre bénévole.

Au département de la Gironde, la version est tout autre.

« Nous avons reçu un mail du collectif faisant part des difficultés des jeunes et qui remet en cause la sécurité du site, répond Renaud Helfer-Aubrac, le directeur général des services. Je ne peux me soustraire du risque pénal ipso facto. Un péril éminent a été identifié, dès lors, une procédure d’évacuation s’est enclenchée. »

Ces propos ont été indirectement confirmés lors de la séance plénière du 16 novembre dernier. Le président du département Jean-Luc Gleyze a répondu à la motion du groupe EELV demandant le gel des expulsions que les propriétaires étaient responsables pénalement des squats considérés insalubres. Il a également précisé qu’il n’approuvait pas la mise en place d’autorisations d’occupation des squats par des associations.

« Expulsion suspendue » ?

Envolé donc l’espoir du conventionnement des lieux pressenti en septembre. Le directeur assure que la situation actuelle contraint le département à envisager d’autres issues : l’évacuation, bien qu’aucun recours aux forces de l’ordre ne soit encore formulé à ce jour selon nos informations, ou alors le rachat de l’immeuble par la mairie au prix du Domaine et sa prise en charge.

« Il n’est pas envisagé de racheter l’immeuble, ça n’a pas de sens » répond Harmonie Lecerf, l’adjointe au maire de Bordeaux chargée de l’accès aux droits et des solidarités. (...)

Prise en charge contestée

« Nos services sociaux sont prêts à évaluer le cas de chaque personne, ajoute Renaud Helfer-Aubrac. S’il y a des mineurs, le département les prendra en charge, les majeurs seront à la charge de l’État. Le problème est que le collectif demande la prise en charge de tout le groupe sans séparer les personnes. »

« Le problème va au-delà de la prise en charge », réagit une bénévole du collectif. Elle développe :

« Il veulent fermer ce squat avec des promesses pour reloger les personnes qui y sont hébergées. Mais ils n’envisagent aucune structure pour les primo-arrivants. Certains passent l’évaluation et attendent les résultats dans la rue, alors que d’autres viennent nous voir avec un papier du refus de prise en charge par l’ASE (Aide sociale à l’enfance, NDLR. » (...)

De leur côté, la mairie de Bordeaux et le Département de la Gironde ont demandé à rencontrer la Préfète de la Gironde « pour trouver des solutions de relogement ».