
Du 26 au 30 mars, les altermondialistes se sont donné rendez-vous à Tunis pour une nouvelle édition du Forum Social Mondial. C’est l’occasion de faire un bref retour sur l’histoire du mouvement altermondialiste et des forums sociaux mondiaux, des années 1990 à 2013.
Les années 1990 : la formation d’un mouvement global
Quatre périodes peuvent être distinguées dans la courte histoire de l’altermondialisme.
La première commence avec la multiplication de mobilisations locales et nationales contre le néolibéralisme dans toutes les régions du monde au milieu des années 1990. Au cours de cette époque, le mouvement altermondialiste était essentiellement organisé, d’une part, autour de campagnes internationales (comme celle contre la dette du tiers-monde), des réseaux et des rencontres d’intellectuels militants et d’ONG et de contre-sommets [1], d’autre part, sur des mobilisations populaires massives au niveau local et national, comme les « guerres de l’eau » en Bolivie, ou de paysans dans toute l’Asie. (...)
L’émergence de ce mouvement global a rendu visible et connecté de nombreuses luttes locales et nationales qui, jusque-là, étaient pensées comme isolées et restaient peu visibles à l’étranger. Au cours de cette étape, des intellectuels militants du Nord et du Sud ont joué un rôle fondamental en attirant l’attention de l’opinion publique sur les dégâts des politiques néolibérales, en développant des arguments contre le Consensus de Washington et en multipliant les rencontres internationales. (...)
Au milieu des années 1990, des acteurs très divers se sont mobilisés contre les politiques néolibérales, dénonçant notamment l’influence croissante de l’Organisation Mondiale du Commerce, le poids de la dette du Tiers Monde et le pouvoir des multinationales (...)
Cette époque a également été marquée par la multiplication des « contre-sommets », autour des grandes rencontres des institutions internationales. Les mobilisations altermondialistes à Seattle en 1999 et l’échec du sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce ont eu une grande portée symbolique et ont incarné le message central de l’altermondialisme : de « simples citoyens » peuvent avoir un impact jusqu’au plus haut niveau de décision international. (...)
Plutôt que l’opposition à une institution internationale qui fut au cœur des contre-sommets, les forums ont pour objectif de favoriser les échanges entre des militants de différentes parties du monde autour des alternatives qu’ils mettent en œuvre. (...)
2001-2005 : Les Forums Sociaux au cœur du mouvement (...)
Contrairement aux prédictions de nombreux intellectuels, l’altermondialisme n’a pas décliné après le 11 septembre 2001, mais a au contraire connu ses plus grands succès populaires et un important écho dans l’opinion publique et les médias dans les années qui suivirent. (...)
les Forums Sociaux ont bénéficié d’un tel écho populaire et médiatique que les leaders progressistes latino-américains s’y sont régulièrement retrouvés et que même des politiciens de droite ou des représentants de la Banque Mondiale ont voulu y participer. Cette période correspond aussi à l’arrivée au pouvoir de gouvernements progressistes en Amérique latine. (...)
Face à la crise, contre les politiques d’austérité, des milliers d’initiatives citoyennes se développent pour dépasser les limites structurelles de la démocratie représentative, notamment en Europe.
Les mouvements pour une alimentation locale et conviviale sont en pleine expansion et convergent avec d’autres initiatives d’économies sociales et solidaires [4].
Des réseaux d’experts engagés tentent de peser sur certaines politiques européennes et poursuivent le long travail d’éducation populaire autour d’enjeux complexes.
Enfin, les manifestations contre l’austérité se multiplient en Europe, mais alors que ces mouvements se coordonnaient au niveau continental ou global il y a une décennie, les mobilisations contre l’austérité se succèdent mais ne dépassent pas le cadre national.