La Bulgarie est l’un des points de passage les plus dangereux pour les migrants en route vers la « forteresse européenne ». Sous forte pression de l’UE, et notamment de Berlin, la Bulgarie construit un mur de 130 kilomètres à la frontière turque pour endiguer le flux migratoire à ses portes. L’histoire hoquète : au rideau de fer de la Guerre froide se succède le mur bulgare, avec une différence de taille. Désormais, « l’ennemi » est à l’extérieur, et doit être « refoulé ».
Comme toutes les frontières extérieures de l’Europe, celle de la Bulgarie est, pour beaucoup, une ligne qui rime avec survie. Des milliers de personnes en quête d’un avenir meilleur tentent de la franchir tous les ans. Pour un grand nombre d’entre elles, le voyage s’arrête là. En Bulgarie, on entend rarement parler des milliers de personnes qui trouvent la mort en essayent d’atteindre les côtes grecques ou italiennes. On y serait donc choqué d’apprendre que la frontière bulgare est l’une des frontières qui enregistre un des plus fort taux de mortalité dû aux passages de migrants. En Bulgarie, les migrants ne trouvent pas la mort qu’en essayant de pénétrer dans le pays, mais aussi lorsqu’ils essayent de s’en échapper...
Les cas se suivent et s’enchaînent (...)
Encore cette semaine, deux Irakiens, faisant partie d’un groupe de douze yazidis pris à partie par des garde-frontières, sont morts, apparemment battus par des officiels bulgares selon le Haut-commissariat aux Réfugiés des Nations unies (UNHCR).
Raisons « objEctives » et « vraies » raisons
Les arrestations musclées de migrants à la frontière turco-bulgare ne sont pas une nouveauté. Il s’agit de pratiques courantes, appliquées à tous, indépendamment de l’âge ou du sexe. Les expulsions brutales de réfugiés en provenance des frontières européennes extérieures ne sont pas des cas isolés, œuvres de gardes-frontières récalcitrants. Au contraire, il s’agit bien là de pratiques encouragées par la politique étrangère de la forteresse européenne.
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Le mur bulgare
Afin de faire face à l’afflux de migrants, la Bulgarie a décidé d’ériger un mur de 30 kilomètres à sa frontière avec la Turquie. Lorsqu’elles ont constaté l’efficacité de ce système (une chute des passages de 44% en 2014 par rapport à 2013) les autorités bulgares ont décidé de prolonger le mur initial de 100 kilomètres supplémentaires. Il est donc prévu qu’un mur de béton et de barbelés arrête les migrants sur près de la moitié de la frontière qui sépare les deux pays, longue de 259 kilomètres.
Dans son discours à Sofia le 10 mars dernier, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a annoncé une coopération étroite entre l’Allemagne et la Bulgarie sur la question des migrations clandestines. (...)
Tout le monde sait que les demandeurs d’asile quittent la Bulgarie en espérant atteindre l’Allemagne. L’année dernière, l’Allemagne était sur le point de déporter 4 405 personnes en Bulgarie conformément à la Convention de Dublin. La cacophonie règne entre les médias qui étouffent la question et les militants internationaux qui essaient de sensibiliser sur la question. Entre temps, aucun signe de changement dans la politique migratoire européenne ne se fait sentir.