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Burkina Faso – 10 000 moustiques OGM bientôt disséminés
Article mis en ligne le 27 septembre 2018
dernière modification le 25 septembre 2018

L’Agence nationale de biosécurité du Burkina Faso a donné son accord, le 10 août 2018, à un lâcher « expérimental » de 10 000 moustiques génétiquement modifiés et stériles dans l’un des villages de la commune de Bobo-Dioulasso. Cette dissémination est une nouvelle étape dans un long processus porté par le consortium Target Malaria, débuté en 2005, dont l’objectif est l’éradication des moustiques Anopheles gambiae qui transmettent le paludisme. Concrètement, ce lâcher imminent, sans que la date ne soit encore déterminée, vise, officiellement, à acquérir des connaissances et à créer une synergie entre les différentes équipes du projet. Il n’aura aucune conséquence à court terme sur la population de moustiques.

Deux stratégies sont actuellement proposées : soit des moustiques dont la progéniture serait majoritairement mâle, soit des moustiques qui transmettent aux femelles, avec lesquels ils s’accouplent, un gène qui désactive des gènes essentiels à la fertilité. Dans les deux cas, il s’agit de forçage génétique (gene drive en anglais). Cette technologie force les lois de l’hérédité mendélienne, avec des descendants des moustiques disséminés portant majoritairement la modification génétique… Dans les deux cas, le but est une réduction drastique du nombre des moustiques et donc du vecteur du paludisme. Pour le professeur Diabaté, chercheur principal du projet, « Target Malaria cherche à mettre au point une technologie « autonome », dans laquelle la modification serait transmise d’une génération de moustiques anophèles à l’autre ; ainsi, il ne serait pas nécessaire de réintroduire aussi souvent des moustiques en grand nombre et à intervalles réguliers. Cela est plus approprié aux caractéristiques géographiques du paludisme ».

Mais, comme nous le précise Delphine Thizy, salariée du projet Target Malaria depuis 2014, ces moustiques génétiquement forcés (gene drive) ne sont pas encore prêts à être disséminés, et les populations locales pas encore prêtes à les recevoir. Le travail fonctionne donc en étapes. (...)

Un premier lâcher sans aucun impact sur la réduction du palu (...)

La Copagen se mobilise
La Copagen [6], a, à plusieurs reprises, exprimé ses doutes sur cette expérimentation à ciel ouvert. Récemment, au cours d’un point presse organisé à Ouagadougou, ses membres se demandaient « quelles seraient les conséquences si une femelle génétiquement modifiée, malgré toutes les précautions, piquait un malade du paludisme et le transmettait à d’autres sujets au sein de la population ? », « quelle serait la nature de la descendance des femelles génétiquement modifiées qui s’accoupleraient avec des mâles non stériles ? » [7]. Ils n’ont pas obtenu de réponses satisfaisantes de la part des responsables du projet ou des autorités politiques. Et le Collectif citoyen pour l’agro-écologie (CCAE) a organisé le 2 juin 2018 une manifestation à Ouagadougou qui a réuni plus d’un millier de personnes pour dénoncer le projet Target Malaria. Le porte-parole du collectif, Ali Tapsoba [8], considère que « il y a beaucoup de doutes » et refuse que la population soit « utilisée comme des cobayes ». Quant à Blandine Sankara [9], coordinatrice de la manifestation, elle considère que « les Burkinabés sont mal informés, [et qu’il] n’y a pas eu assez de vulgarisation ni de sensibilisation autour du projet ».