
Au nom de la lutte contre le chômage, une offensive tous azimuts est lancée depuis des années contre les droits sociaux… Depuis les années 70, nous sommes entrés dans l’époque du chômage de masse. Aux chômeurs totaux s’ajoutent celles et ceux qui oscillent du chômage à l’emploi précaire et arrivent à travailler quelques heures dans la semaine ou quelques semaines dans l’année. Par ailleurs, il y a tous ceux qui sont en contrats aidés sans horizon, qui ont dû accepter des emplois à temps partiel, ou qui ne leur conviennent pas et cherchent autre chose. Au total plus de 5 millions de personnes.
Comment justifier l’injustifiable ? La montée du chômage a servi de prétexte à accorder au patronat tout une série d’avantages, justifié par la théorie économique dominante. Il y a eu d’abord la thèse selon laquelle il y avait un déficit d’embauches car certains chômeurs n’étaient pas assez productifs. Des aides à l’embauche de durée limitée ont été créées pour les jeunes, les « seniors », les chômeurs de longue durée. Toutes les études sérieuses ont montré que ces contrats aidés créaient une proportion dérisoire d’emplois dans le privé et se substituaient souvent aux emplois statutaires dans le privé. Certains employeurs ont pris l’habitude de faire « tourner » les emplois aidés en remplaçant la personne en fin de contrat par une nouvelle sous le même régime.
Ensuite, toujours au nom du chômage, ont été accordées des aides permanentes aux entreprises sous forme d’exonérations de la part patronale des cotisations sociales (...)
Les actionnaires des grandes entreprises ont mis en place un système qui leur assure des dividendes quels que soient les hauts et les bas de l’activité. Quoi d’exorbitant à ce qu’une telle garantie existe pour les salariés : outre l’interdiction des licenciements, il faut la garantie du travail en réduisant massivement sa durée avec maintien du salaire.
Au-delà des mots, les préconisations de Trotski en 1938 ont un caractère résolument moderne : « Contre le chômage, tant “structurel” que “conjoncturel”, il est temps de lancer le mot d’ordre de l’échelle mobile des heures de travail : Le travail disponible doit être réparti entre tous les ouvriers existants, et cette répartition déterminer la longueur de la semaine de travail ».