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Libération
Campagne présidentielle : #PasDeDébatPasDeMandat, par Adèle Haenel, Annie Ernaux, Barbara Stiegler…
/par Un collectif d’écrivains, de réalisateurs, de philosophes, de psychiatres et d’économistes...
Article mis en ligne le 16 mars 2022

Oui, il y a la guerre. Mais il se trouve qu’il y a aussi une campagne présidentielle. De qui cette situation fait les affaires, la chose est assez claire pour tout le monde. Une réélection sans campagne, quelle riche idée. Une campagne annulée par cas de force majeure, quelle providence. Nous avions compris que Macron avait pour idéal le renouvellement de son mandat par tacite reconduction. Qu’il y aurait une guerre et qu’il s’en servirait avec le dernier degré d’hypocrisie opportuniste, nous pouvions plus difficilement le voir venir. L’expérience historique enseigne assez qu’un état de guerre soude un pays pour le moins pire ou pour le pire – c’est-à-dire produit sur le débat public un effet comparable à celui d’une pelleteuse sur un parterre floral. On ne parle plus d’aucune autre chose, et on n’en parle plus que pour en dire la même chose.

Or une campagne est un moment où – en théorie… – toutes les autres choses reviennent à l’agenda, et avec elles leur charge de dissensus. Qu’elles en aient été si radicalement chassées est une situation d’une anomalie choquante. Elle l’est d’autant plus que nous voyons assez dans quel état de démolition le quinquennat a laissé le pays, et que s’il est une chose que le candidat-par-tacite-reconduction n’a pas cachée, c’est son « projeeeet » de poursuivre en pire. Comme Bourdieu l’avait fait remarquer très généralement à propos du néolibéralisme, il y a dans le macronisme un désir fanatique de détruire toutes les structures collectives, en particulier les services publics, et jusqu’à l’« Etat de politiques publiques » par cabinets de conseil interposés.

(...) l’hôpital est en ruine, la justice est en ruine, l’école est en ruine, les libertés publiques sont en ruine, la grande cause du féminisme est une blague, Make Our Planet Great Gain est une énorme blague – mais la police est toute-puissante et la surveillance numérique en train de passer des caps orwelliens. La réalité de cinq ans de macronisme, c’est qu’on n’a jamais connu une politique anti-sociale d’une telle violence, si outrageusement occupée des riches, si acharnée à mépriser ceux qui ne le sont pas. Le macronisme nous aura fait découvrir les gilets jaunes qui font un repas tous les deux jours, les étudiants à la soupe populaire, les parents d’enfant décédé dont les jours de congé « pénalisent les entreprises », la recherche d’emploi en traversant la rue, la négation de l’assurance chômage transformée en férule à mettre les individus à la merci des employeurs – et le mensonge et la violence érigés en moyens ordinaires de gouvernement.

Emmanuel Macron en est si satisfait qu’il a l’intention de tout prolonger et de tout aggraver (...)

La démocratie de confiscation

Entré en campagne le plus tard possible, ayant avancé la date du premier tour au plus tôt possible, amateur de « débats » mais seulement devant des auditoires soigneusement composés, promoteur de conventions citoyennes dont il n’écoute rien, nous savons à quel type de « démocratie » va la faveur du candidat (...)

Tout ceci qui avait déjà été particulièrement odieux pendant cinq ans, devient inadmissible en campagne électorale. (...)

Ce pouvoir, contesté comme aucun, aura usé et abusé des appels « démocratiques » à attendre patiemment les élections pour exprimer du dissentiment « avec un bulletin de vote ». Voilà que le scrutin arrive… et la campagne est dérobée sous nos pieds. (...)

il y a dans la tête du reconduit des images d’autoroute ou d’open bar. Ne le laissons pas faire. Il se planque ? #OnVaLeChercher. #PasDeDébatPasDeMandat.