
Si vous regardez régulièrement le JT de France 2, vous vous souvenez peut-être que des bisons sont chassés des plaines du Montana (09/05), qu’un alligator est entré dans une maison en Floride (13/05), que des américains obèses font des paris en ligne pour maigrir (18/05), qu’une femme a décroché la cagnotte du loto américain (19/05, 06/06), que trois chasseurs de tornades sont morts à Oklahoma (03/06), qu’un funambule a traversé le Grand Canyon (23/06, 24/06)... Passage en revue de certains reportages de Maryse Burgot, envoyée permanente de la chaîne aux États-Unis, et de quelques autres, qui s’apparentent moins à du journalisme qu’à de simples cartes postales du pays des merveilles.
Que les JT proposent de tels « sujets » ne devraient pas susciter la moindre moue de mépris : tout dépend tout d’abord de la façon dont ils sont présentés et, surtout de la place qui leur est accordée. Mais si l’on cumule le temps qu’ils prennent, avec les faits divers sans importance, c’est « le reste de l’information » (comme disent les présentateurs et les présentatrices) qui en pâtit. À commencer par « le reste de l’information » sur les États-Unis.
Ce n’est pas tout. Cette surabondance de « sujets » plus ou moins anecdotiques propose aux téléspectateurs réguliers du JT de France 2 de partager, dans son fauteuil, un dépaysement touristique qui privilégie les États-Unis, comme si ce pays était le seul qui mérite qu’on se familiarise avec lui, comme s’il était impossible de trouver des lieux, des traditions, ou des évènements pittoresques et dignes d’intérêt dans d’autres destinations proches ou lointaines. Cette disproportion en évoque une autre, beaucoup plus grave : la formidable inégalité de traitement entre les effets d’un même ouragan quand il touche non seulement les États-Unis, mais aussi d’autre pays [1].
Faut-il attribuer ce tropisme états-unien à un parti-pris politique ? Ce n’est pas certain – ce n’est pas toujours certain. (...)