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Slate.fr
Ce que les Africains pensent de la Chine
Article mis en ligne le 29 décembre 2020
dernière modification le 27 décembre 2020

L’année 2020 marque le vingtième anniversaire du Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac), dont le premier sommet a été organisé à Pékin en 2000. Alors que le prochain sommet, prévu en septembre 2021 à Dakar, est en préparation, les responsables chinois et africains se penchent sur le bilan de ces deux décennies de coopération et sur ses prochaines orientations.

L’engagement croissant et multidimensionnel de la Chine avec l’Afrique a eu des effets importants, bien qu’inégaux, sur la croissance économique, la diversification économique, la création d’emplois et la connectivité en Afrique.

Mais, dans le même temps, il apparaît que les relations sino-africaines sont principalement organisées par le biais des gouvernements chinois et africains, et ne tiennent pas suffisamment compte des opinions et du bien-être des populations africaines. (...)

Connaître les opinions et les besoins

En 2016, l’institut de recherche panafricain Afrobaromètre (Afrobarometer) a publié sa première étude d’opinion sur ce que les Africains pensent de l’engagement de leurs gouvernements avec la Chine.

L’étude a révélé que 63% des citoyens interrogés dans trente-six pays avaient une image largement positive de la Chine. Cette popularité s’explique avant tout par les projets d’infrastructure, de développement et d’investissement mis en œuvre par la Chine en Afrique. Cependant, les perceptions d’une qualité discutable des produits chinois et de la faiblesse du nombre d’emplois créés dans ce cadre en Afrique pour les Africains avaient contribué à atténuer cette perception. (...)

Les résultats préliminaires de cette enquête révèlent que la majorité des Africains préfèrent toujours davantage le modèle de développement américain (États-Unis) au modèle chinois et que l’influence de la Chine est encore largement considérée comme positive pour l’Afrique, même si les Africains, au courant des prêts chinois, estiment que leurs gouvernements empruntent trop. (...)

Le modèle de développement chinois, dynamique et multiforme, est souvent plébiscité par les gouvernants africains. Ce modèle a cependant évolué en fonction du contexte et de la période. Les gouvernements africains doivent décider quels aspects du modèle chinois sont les plus adaptés pour leur pays, et tenir compte des limites de ce modèle.

Un examen plus approfondi des réponses des enquêtes 2014/2015 et 2019/2020 montre que dans les pays où la Chine construit des infrastructures, les perceptions sont restées stables ou sont devenues plus positives. C’est notamment le cas au Ghana, au Nigeria, en Ouganda, en Guinée et en Côte d’Ivoire.
La popularité de la Chine augmente au Sahel

Les perceptions de la Chine ont changé en mieux dans certains pays de la région du Sahel (...)

Au Burkina Faso, la popularité du modèle de développement chinois a presque doublé (...)

En Guinée, où les entreprises chinoises sont principalement impliquées dans des projets miniers, 80% des citoyens perçoivent l’influence économique et politique de la Chine comme positive –quatre points de pourcentage de plus qu’il y a cinq ans. (...)

Par ailleurs, les puissances régionales africaines, les organisations régionales et celles des Nations unies, ainsi que la Russie, sont également perçues comme des entités ayant une influence positive. (...)

Dans les pays qui ont reçu le plus de prêts chinois, les citoyens se sont dits préoccupés par l’endettement. Ce constat se retrouve notamment au Kenya, en Angola et en Éthiopie. (...)

Les dernières données d’Afrobaromètre fournissent des enseignements à la fois aux analystes des relations sino-africaines et aux dirigeants africains.

Premièrement, il n’y a pas de monopole ou de duopole d’influence en Afrique. Au-delà des États-Unis et de la Chine, il existe une mosaïque d’acteurs, africains et non africains, que les citoyens considèrent comme ayant une influence politique et économique sur leur pays et son avenir. Ces acteurs comprennent les Nations unies, les puissances régionales africaines et la Russie.

Deuxièmement, les résultats de l’enquête montrent que si l’influence chinoise reste forte et positive aux yeux des citoyens africains, elle l’est dans une moindre mesure qu’il y a cinq ans. Cette baisse de popularité pourrait également être liée à la perception autour des prêts et de l’aide financière, au manque de transparence, aux discours autour du « piège de la dette » et aux allégations de mainmise sur les ressources africaines par la Chine. (...)