
Les médias, par leur double souci de cultiver le pluralisme des idées et de dévoiler l’exercice du pouvoir, sont parfois glorieusement qualifiés de quatrième pouvoir ou de chiens de garde de la démocratie , et placés ainsi sur le même plan que les institutions, gouvernementales, parlementaires et judiciaires. Malheureusement, il s’en faut de beaucoup pour que la contribution médiatique à la vie publique corresponde un tant soit peu à cette construction séduisante.
En témoignent, par exemple, les travers bien connus de la couverture médiatique de l’actualité politique : personnalisation à outrance, omniprésence des petites phrases, complaisances voire connivences à l’égard des puissants, dépolitisation et spectacularisation des échéances électorales transformées en « course de petits chevaux ». On évoque cependant plus rarement ce que les mêmes travers médiatiques font à un autre « contre-pouvoir » : la justice.
Le traitement médiatique de la justice est pourtant problématique à plusieurs égards. Il souffre, d’abord, d’une déformation liée à une fuite en avant « informationnelle » où le spectacle en flux continu l’emporte toujours sur l’analyse patiente. C’est la dimension même de justice comme « contre-pouvoir » qui disparait à travers un tel traitement médiatique (...)