
Selon toute vraisemblance, dans les prochains jours, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, demandera la reconnaissance de la Palestine comme Etat devant le Conseil de sécurité. L’administration Obama a déjà annoncé son veto.
Mais l’Assemblée générale de l’ONU devrait ensuite se prononcer à une très forte majorité en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Celui-ci serait alors reconnu, mais avec un statut d’observateur (c’est-à-dire sans droit de vote), faute de l’appui du Conseil de sécurité.
Cette proclamation attendue intervient dans un Proche-Orient en pleine reconfiguration et renforce la dynamique de changement. Elle vient clore l’ère du post-11 septembre où l’Etat hébreu a bénéficié d’un environnement régional et international favorable. Juridiquement, symboliquement et politiquement, analyse de ce qui va changer.
Juridiquement, avec la proclamation d’un Etat palestinien, la Cour pénale internationale (CPI) pourra désormais s’estimer compétente pour poursuivre les présumés crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans le cadre du conflit israélo-palestinien depuis 2002, y compris lors de l’opération « Plomb durci » de Gaza. (...)
Par ailleurs, la reconnaissance de la Palestine changera la nature du conflit qui, désormais deviendra international, puisqu’il opposera deux Etats. Du point de vue symbolique, cela rendra plus difficile le fait pour le gouvernement israélien de le réduire à une lutte contre le terrorisme.
Politiquement, la reconnaissance d’un Etat palestinien par la grande majorité des Etats accroîtra l’isolement diplomatique de l’Etat hébreu. La ligne de défense du gouvernement israélien est prévisible : il dénoncera vraisemblablement le fait que dans leur immense majorité ce sont des Etats peu respectueux des droits de l’homme qui ont approuvé la création d’un Etat palestinien.
Et il s’emploiera tant sur le terrain que dans l’arène diplomatique à présenter cette reconnaissance comme un non-événement.
Plus problématique pour Israël, serait le fait qu’une partie des Etats européens votent en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien. (...)
L’addition de la reconnaissance internationale de la Palestine, le fait que l’Europe est depuis 1993, et de loin, le premier bailleur de fond de l’Autorité palestinienne et l’effritement du soutien à l’Etat hébreu au sein des opinions européennes va encore compliquer la tâche de la diplomatie israélienne. Les derniers sondages montrent que la majorité des Européens soutient l’admission de la Palestine à l’ONU et réprouve l’occupation.
La reconnaissance d’un Etat palestinien intervient dans un contexte régional et international en pleine restructuration, marqué par trois facteurs lourds qui affectent l’équation du conflit. (...)
Last but not least, la puissance américaine reste forte, mais déclinante et certains responsables américains s’interrogent sur le prix d’une alliance indéfectible avec l’Etat hébreu.
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Comment l’Etat hébreu va-t-il s’adapter à cette nouvelle donne politique et stratégique, au moment où une partie de sa jeunesse se révolte contre une société dans laquelle elle ne se reconnaît plus ? L’heure à une remise en cause des orientations fondamentales du pays est-elle venue, comme le souhaite l’écrivain israélien, David Grossman (dans son interview à Rue89), appelant à que l’Etat hébreu soit le premier à reconnaître la Palestine afin d’ouvrir cette nouvelle ère ? (...) Wikio