Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
« Cela ne me dérange pas que mon fils apprenne à écrire "nénufar", s’il peut le faire dans notre école rurale »
Article mis en ligne le 23 février 2016

Alors que la réforme de l’orthographe fait le buzz, la fermeture des classes en milieu rural se poursuit dans le silence médiatique. Rémi Joannès, parent d’élève dans une école maternelle en Côte-d’Or, vient d’apprendre la fermeture probable de la classe de son fils. Il revient pour Basta ! sur son entrevue avec l’inspection académique, son impression de « parler à un mur » face à une inspection « plus intéressée par les chiffres que par l’humain ». Alors que l’État ne cesse de se désengager des territoires ruraux, ce parent d’élève soumet au débat quelques idées de réforme pour éviter que le vide laissé ne fasse le jeu du Front national.

Il y a quelques jours, la réforme de l’orthographe a fait le buzz. C’était assez amusant de voir toutes ces personnes s’indigner, alors même que leurs messages étaient parfois bourrés de fautes, pour des histoires d’« ognons » et de « nénufar ». En 1990, quand l’Académie française a formulé ses recommandations, j’apprenais à écrire. Vous imaginez bien que pour moi, le nénufar est un serpent de mer qui est ressorti tout au long de ma scolarité.

Sauf que c’est à ce moment que j’ai appris la probable fermeture d’une classe dans la maternelle où mon fils se rend avec joie tous les matins. Il vient d’avoir trois ans, et est en toute petite section dans une école maternelle rurale sur la commune de Senailly, en Côte-d’Or, qui compte deux classes. En tant que représentant des parents d’élèves, j’ai été reçu, avec les membres de l’intercommunalité qui gère l’école, à l’inspection académique pour défendre notre dossier. Et à ce moment-là, j’ai réalisé que ça ne me dérangeait pas que mon fils apprenne à écrire « nénufar », du moment qu’il puisse le faire dans notre école rurale.

Le rouleau compresseur de l’inspection de l’Éducation nationale

Laissez-moi vous raconter cette entrevue avec les inspecteurs… Nous avions rendez-vous à 10H00, et sommes arrivés avec un quart d’heure d’avance. Les portes étaient fermées. A travers un volet roulant ajouré, un jeune homme dans le salon d’accueil désert nous a fait signe de passer par l’entrée de service, sur le côté. Là, un vigile nous a fait gentiment patienter notre quart d’heure sous la pluie de février. Oui, les rendez-vous à l’inspection académique sont très conviviaux.

A 10H00, nous avons été reçus par deux inspecteurs. Ils nous ont laissé 15 minutes pour défendre le maintien des deux classes. Là, nous avons détaillé nos arguments, comment nous avions suivi les recommandations de l’année dernière, que la dynamique était positive, que l’on avait besoin d’un peu de temps, etc… Les inspecteurs ont pris des notes, de façon attentionnée, bien sûr. Puis le rendez-vous s’est terminé.

La réponse est tombée comme un couperet dès le lendemain : fermeture de classe. Comme une petite autre cinquantaine de classes. Et là, je me suis dit qu’une journée de sept heures pour comparer les dossiers de 50 écoles, ça paraissait trop rapide pour être honnête… Au final, j’ai eu l’impression que nous avions parlé à un mur, avec une décision prise d’avance. D’ailleurs, la décision n’est pas motivée. Juste une croix dans un tableau, circulez, il n’y a rien à voir. (...)