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Futura Sciences
Céréale : le teff, une graine d’or venue d’Éthiopie
Article mis en ligne le 12 mars 2014
dernière modification le 10 mars 2014

À la base de l’alimentation éthiopienne, le teff pourrait bénéficier de l’engouement récent de l’Occident pour la nourriture bio. Pour l’heure, le gouvernement et les agriculteurs éthiopiens doivent trouver un compromis entre nourrir la population locale et profiter de la manne économique du teff.

Le teff, une céréale de la famille du millet, est cultivé dans la corne de l’Afrique, principalement en Éthiopie. Reine de l’alimentation de ce pays, elle fait partie intégrante de l’héritage local. Le teff est en effet utilisé pour confectionner l’injera, une galette spongieuse consommée à presque tous les repas. Il s’agit donc d’un aliment de base crucial pour la population d’Éthiopie, qui fait partie des plus pauvres au monde (...)

La graine est hyperrésistante et peut pousser en plaine comme en haute altitude et dans un climat sec comme sous des trombes d’eau. Elle est donc particulièrement adaptée à la géographie éthiopienne. « Les Éthiopiens sont fiers de leur céréale parce qu’elle fait partie de leur identité », explique Solomon Chanyalew, directeur du Debrezeit Agricultural Research Center.

En Occident, le teff bénéficie d’une popularité croissante auprès des adeptes de l’alimentation bio. Cependant, à l’exception des cercles encore relativement restreints de chefs célèbres et de stars hollywoodiennes à l’affût de nourritures toujours plus saines, le teff est encore relativement peu connu hors d’Afrique. Mais pour certains, il possède le potentiel pour détrôner le quinoa, la « graine d’or » des Andes, vedette des magasins bio dans les pays occidentaux. « Le teff n’est pas seulement sans gluten, il est aussi incroyablement nutritif », remarque Khalid Bomba, président de l’Agence éthiopienne de transformation du secteur agricole. D’autre part, le teff est riche en minéraux et en protéines et constitue une nourriture de choix pour les diabétiques ou les personnes souffrant de troubles d’absorption intestinale dus à une intolérance au gluten. (...)

pour protéger le marché intérieur des risques de flambée des prix, les autorités décrètent régulièrement des interdictions d’exporter le teff. Le gouvernement veut à tout prix éviter les mésaventures de la Bolivie, où la population n’a plus eu les moyens de consommer du quinoa, devenu trop cher parce que trop prisé à l’étranger. Sur ce sujet, les agriculteurs éthiopiens sont partagés. D’un côté, ils reconnaissent la nécessité d’alimenter le marché de leur pays ; de l’autre, ils sentent des opportunités à ne pas laisser filer. « Je veux vendre à l’étranger parce que le marché est bon et je gagnerai bien ma vie », explique Tirunesh Merete, un producteur de teff depuis bientôt 40 ans. « Si nous exportons le teff dans d’autres pays, nous pourrons nous faire beaucoup d’argent, mais nous devons d’abord alimenter notre pays », nuance Amha Abraham, un agriculteur voisin.

Pour l’heure, les Éthiopiens laissent donc d’autres pays plus petits producteurs, comme l’Afrique du Sud ou la Zambie, profiter de l’engouement qui gagne l’Amérique du Nord, l’Europe ou encore l’Australie. (...)