
Les fabricants de cartouches d’imprimantes communiquent beaucoup sur leurs actions en faveur du recyclage. La réalité est beaucoup moins chatoyante que l’encre de leurs cartouches.
Aujourd’hui, la législation entourant ces consommables n’est pas réellement appliquée. Le code de l’environnement précise, certes, que « toute personne qui produit ou détient des déchets est tenue d’en assurer ou d’en faire assurer la gestion, notamment en ayant recours aux filières appropriées de collecte et de traitement ».
Mais cette loi, très générale, ne suffit pas à contraindre efficacement les industriels. Il faudrait pour cela que les cartouches d’encre soient considérées, au même titre que les piles, comme des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). À l’heure actuelle, seules les cartouches qui se trouvent dans une imprimante en fin de vie suivent cette filière.
En 2005, un décret « relatif à la composition des équipements électriques et électroniques et à l’élimination des déchets issus de ces équipements » aurait pu normaliser la situation s’il avait été mis en application. Tous les trois ans environ, le texte est remis sur la table. Et à chaque fois, les fabricants obtiennent un nouveau report.
Un consortium qui limite la collecte (...)
Le problème, c’est que si, dans le passé, Collectors pouvait revendre les cartouches vides directement à des recycleurs, aujourd’hui, elles n’intéressent plus personne : de plus en plus sophistiquées, le nombre de composants est désormais tel que leur démantèlement devient trop compliqué. L’ajout de puces électroniques, à la durée de vie limitée, rend de plus l’activité de re-remplissage beaucoup moins intéressante.
« Celui qui connaît le mieux sa cartouche, et qui est donc le plus à même de la réutiliser ou de la recycler, c’est le fabricant », explique Patrick Barriol, directeur des consommables de Lexmark, qui affiche une démarche très volontariste en la matière. (...)
En attendant, les cartouches usagées continuent de s’empiler par millions dans l’entrepôt de Collectors, entreprise de quarante salariés et dix-huit années d’existence. N’étant homologuée que pour stocker un certain volume, le préfet pourrait de plus la mettre en demeure d’évacuer au moins un million de cartouches de son entrepôt. Pour les mettre où ?