
La soirée des César, d’habitude si fade et si consensuelle, a rarement été aussi politique, dans son palmarès comme dans ses discours.
Il y avait quelque chose d’émouvant à regarder la cérémonie des César, ce vendredi 24 février. L’Académie, qui s’est si souvent satisfaite de récompenser des films d’hommes, des films blancs, des films faciles, des films perpétuant, par leur vision du monde, l’ordre établi, avec ce qu’il implique d’oppressions, semble s’être enfin mue.
Divines
Ça a commencé par le premier César, celui du meilleur espoir féminin, remis à Oulaya Amamra, héroïne de Divines, un film qui raconte la marge sociale : la banlieue et ses héroïnes féminines. (...)
Un film qui a reçu ensuite le César du meilleur premier film, et du meilleur second rôle féminin, attribué à Deborah Lukumuena, resplendissante et émue, qui a expliqué qu’elle avait à peine osé rêver cette histoire d’amour avec le cinéma français, et que ce prix soudain lui permettait d’espérer. (...)
Le César du meilleur court métrage s’est ouvert en deux, pour être remis à la fois à Maïmouna Doucouré (pour Maman(s)) et à Alice Diop (Vers la tendresse) qui a discrétement lâché : « C’est fait exprès si ce sont les deux blacks qui ont le César ? ». En recevant son prix, la réalisatrice a égréné les noms des jeunes victimes des violences policières : Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique dans lequel ils s’étaient réfugiés pour échapper à un contrôle de police ; Adama Traoré mort lors de son interpellation à Beaumont-sur-Oise ; Théo, violé par un policier lors d’une interpellation... (...)
Parmi les femmes réalisatrices désormais sur le devant de la scène, Céline Sciamma, qui a remporté le 24 février le César de la meilleure adaptation pour Ma Vie de Courgette, adapté du livre de Gilles Paris, qu’elle a scénarisé. (...)