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Cette conférence n’est vraiment pas à chier
Article mis en ligne le 1er mars 2015
dernière modification le 24 février 2015

Dépenser plein d’eau potable pour évacuer nos excréments, c’est vraiment du gâchis. La conférence gesticulée Water Causettes, une autre histoire de l’écologie l’explique très bien - et en riant.

Notre gestion de l’eau court à la catastrophe. Nous rejetons toujours plus de cochonneries dans de l’eau rendue potable à grands frais : nous buvons, lavons nos voitures et chions dans la même eau, entraînant à la fois un drame écologique dans les fleuves et rivières, et une culpabilisation sur le mode ’économisons l’eau qui coule du robinet’. Une conférence gesticulée fait le point sur notre gestion de l’eau et des déjections, invitant à changer nos pratiques.

« La science n’est absolument pas ’caca-compatible’. Et faire adopter les toilettes sèches n’est pas qu’une question scientifique : ça ne marchera pas si on ne s’attaque pas aux problèmes politiques et culturels. » Partant de ces constats, Samuel Lanoe et Anthony Brault ont monté une conférence gesticulée sur la gestion de l’eau et des déjections humaines, autrement dénommées « excrétas ».

Les deux compères y jouent le rôle de plombiers, mais des plombiers aux parcours originaux. Des plombiers écolos, ou plombiers « casse-couilles » selon leur expression. (...)

Leur conférence gesticulée part de ces expériences et savoirs acquis. « Dans un spectacle écologique on vous dirait ce qu’il faut faire. Là on va plutôt faire un spectacle sur l’écologie, c’est-à-dire expliquer comment dans nos vies on a été amenés à devenir écolos. »

« L’invention la plus conne de l’humanité : le tout-à-l’égout »

L’objet de cette prise de conscience : le caca et l’eau. Un Français utilise en moyenne 165 litres d’eau par jour, et ses déjections quotidiennes pèsent entre 150 et 200 grammes. Les choses étaient plus simples quand l’homme habitait dans sa grotte : il s’approvisionnait au cours d’eau le plus proche, et ses caca et pipi se dissolvaient rapidement dans la nature.

Mais l’urbanisation nous a contraints à organiser la gestion de l’eau et des déchets. Du pot de chambre vidé par la fenêtre, en passant par les fosses où s’accumulaient les déjections avant d’être vidées au seau… jusqu’à « l’invention la plus conne de l’humanité : le tout-à-l’égout ».

Quel est donc le problème ? Nos déjections contiennent naturellement des bactéries, issues de la digestion. Or l’eau constitue un milieu parfait pour leur développement. Elles prolifèrent donc dans les eaux rejetées, consommant l’oxygène des rivières et se nourrissant de la matière organique fécale. Ce qui menace au passage les écosystèmes des rivières et des fleuves.

Mais surtout, le tout-à-l’égout perturbe le cycle naturel de la matière. (...)

« C’est trop tard pour maintenir une eau potable durablement. L’eau potable, ça a duré un petit temps dans l’humanité, et c’est bientôt fini. » Parce que cela fait déjà trop longtemps que nous rejetons des tas de cochonneries dans nos rivières, et que les technologies d’épuration ne peuvent pas tout régler, ou bien sont trop chères.

« En fait il faut abdiquer sur l’eau potable, et passer à une eau hygiénique. Sur 165 litres d’eau potable, on n’a besoin que de deux litres d’eau potable. Qu’est-ce qu’on s’emmerde à potabiliser 163 litres qui servent à se doucher, à laver sa bagnole, à chier dedans ? En plus, il y a suffisamment de nappes phréatiques proches des villes pour offrir deux litres d’eau potable par personne chaque jour. »

Tout un programme proposé par Anthony et Samuel, sources à l’appui. A voir sur internet et en vrai, afin de révolutionner notre vision de l’eau, et du caca.

Water Causettes, une autre histoire de l’écologie, par Samuel Lanoe et Anthony Brault, Scop Le Pavé.