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Charbon contre climat : quand l’avenir de l’humanité se joue, en partie, en Australie
Article mis en ligne le 10 avril 2015

C’est une victoire pour le climat et la Grande barrière de corail. Pour la première fois, les banques françaises viennent de s’engager clairement à ne pas investir dans l’extraction des vastes réserves de charbon du Bassin de Galilée, au Nord-ouest de l’Australie.

Une démarche qui n’aurait pas été possible sans la campagne acharnée menée par les militants écologistes et altermondialistes, en Europe comme en Océanie. Mais la bataille ne fait que commencer, et nous concerne tous. Car l’exploitation de ce charbon, en réchauffant l’atmosphère, pourrait porter un coup fatal à la planète. Récit.

En décembre dernier, après plusieurs mois de pressions, la Société générale annonce, par un communiqué de presse succinct, son retrait d’« Alpha Coal », un immense projet d’extraction et d’exportation de charbon au Nord-ouest de l’Australie. Lors de la campagne orchestrée par les Amis de la terre, Attac et le mouvement altermondialiste basque Bizi !, plusieurs agences de la « SocGen » ont été bloquées par des amas de charbon ou occupées par des jeûneurs du climat. Ses dirigeants ont été interpellés par des pétitions. La banque elle-même a fait l’objet d’appels à boycott.

Le succès obtenu contre la Société générale en France s’inscrit dans le cadre de ce qui est devenu l’une des plus emblématiques batailles mondiales pour le climat, au même titre que celles qui se jouent autour des projets d’oléoducs géants en Amérique du Nord (comme le Keystone XL) ou encore de la prospection pétrolière en Arctique. Avec pour enjeu la question de savoir si le charbon du Bassin de Galilée, dans l’État du Queensland, l’une des plus importantes réserves de carbone encore non exploitées au monde, restera dans le sol ou ira amplifier le réchauffement climatique après avoir été brûlé.
Action directe citoyenne

Les animateurs de la campagne contre Alpha Coal en France annoncent aujourd’hui un nouveau succès. Ils ont obtenu l’engagement clair et sans ambiguïté des trois plus grandes banques françaises – BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole – de rester à l’écart de tous les projets d’extraction du charbon dans le Bassin de Galilée, y compris les infrastructures ferroviaires ou portuaires associées (...)

Cependant, la bataille pour le climat ne s’arrête pas là et leurs engagements sont loin de suffire à inverser la hausse de 218 % des financements des banques françaises au secteur du charbon entre 2005 et 2013. »

Au total, neuf mines géantes sont envisagées dans la région, dont cinq seraient plus grandes que n’importe quelle mine de charbon actuellement exploitée en Australie, premier exportateur mondial de charbon. Si ces projets miniers voient le jour, ils permettront, selon les calculs de Greenpeace, de produire et exporter annuellement 330 millions de tonnes de charbon pendant 30 ans. Avec un impact considérable sur notre atmosphère : plus de 700 millions de tonnes de CO2 supplémentaires seraient émises tous les ans [2]. Cela représente quasiment le double des émissions annuelles de CO2 de la France et hisserait d’un seul coup le Bassin de Galilée, au septième rang mondial des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre.

Une perspective que de plus en plus de monde considère comme inacceptable. (...)

Le maillon faible est financier

Dénonçant l’impuissance ou la résignation de nos dirigeants face aux puissants intérêts qui bénéficient des énergies fossiles, des collectifs de plus en plus nombreux de militants, de citoyens et même d’institutions (universitaires, religieuses, médiatiques…) cherchent désormais à bloquer eux-mêmes ces projets. Ils occupent des sites miniers ou des chantiers d’oléoducs, ciblent les investisseurs qui rendent ces projets possibles, comme c’est le cas du mouvement global pour le désinvestissement des énergies fossiles [4]. Non sans résultats. (...)

BNP, Natixis et Total menacent toujours la Grande barrière de corail

Alpha Coal n’est-il que l’arbre qui cache la forêt ? Pour les militants de la justice climatique, cibler de grands projets emblématiques permet de gagner en efficacité, mais n’est pas suffisant si cela conduit à négliger d’autres aspects. Les banques françaises demeurent impliquées dans des projets quasiment aussi controversés qu’Alpha Coal. Dans l’État de Victoria, elles sont en première ligne pour renflouer des centrales à charbon extrêmement polluantes et controversées, appartenant à GDF Suez. BNP Paribas et la SocGen figurent aussi parmi les soutiens de la mine de charbon de Maules Creek, dans l’État de Nouvelle Galles du Sud. Ce projet vise lui aussi a exporter des millions de tonnes de charbon. Il entraînerait le défrichement d’une forêt primaire – un habitat critique pour les koalas – et est aussi la cible d’une importante campagne citoyenne en Australie. Le site de la mine a été occupé par des militants et des célébrités pendant plus d’un an et demi.

Si elles ont cédé à la pression sur Abbot Point, les banques françaises ne rechignent pas cependant à financer des terminaux d’exportation de charbon et de gaz, y compris dans la zone de la Grande barrière de corail. (...)

De l’Australie à Paris : l’effet papillon

Les Amis de la terre, qui ont fait du rôle des banques dans le dérèglement climatique l’un de leurs principaux chevaux de bataille, souhaitent obtenir des trois grands banques françaises des engagements globaux de retrait progressif des énergies fossiles, à commencer par un abandon définitif du charbon dès 2015. (...)