
Les dessinateurs de Charlie sont morts pour avoir voulu jouer au plus con et ils ont perdus. Ils sont morts pour avoir caricaturé le prophète, ce qui est interdit dans la religion musulmane ; ils sont morts, assassinés par des fanatiques qui veulent imposer un tabou de leur religion à tout le monde. Si demain ces fanatiques se mettent à tuer tous ceux qui mangent du porc parce que leur religion le leur interdit ça va être un massacre ! Mais les dessinateurs de Charlie ne savaient- ils donc pas qu’on ne joue pas au plus con avec l’obscurantisme et la bêtise humaine à qui on ne peut pas demander de réfléchir. Les caricatures dessinées de Cabu ne touchaient pas la religion musulmane, mais le fanatisme en tant que tel, aveugle et fou.
Après ce drame l’on a organisé des rassemblements, on a fait bruler des bougies sur les fenêtres, et sur les réseaux sociaux un slogan s’est inscrit sur fond noir : « Je suis Charlie ». Bien sûr certains en ont profité pour déverser leur haine sous couvert de défense de la liberté de la presse et des français, alors je voudrais signaler à tous ceux qui ne pourront s’empêcher d’amalgamer, de surfer sur la vague anti-islamique que le premier policier arrivé sur les lieux et froidement abattu s’appelait Ahmed, il avait 42 ans. (...)
Le pays est en deuil. Nous sommes choqués de ce qu’on s’en prenne ainsi à des journalistes. Cependant, nous avons la mémoire courte. Car le premier à avoir fait des journalistes une cible militaire, souvenez vous en bien, c’est l’OTAN avec l’assassinat de 16 personnes lors du bombardement de la Radio Télévision Serbe en 1999, et ce n’est pas moins odieux que la tuerie des 10 journalistes de Charlie hebdo. La belle affaire, me direz-vous, ils ne s’appelaient pas Cabu, ni Wolinski, ni Charb, et donc on s’en fout. Non ? Nous avons l’indignation sélective, nous nous croyons épargnés lorsqu’un terroriste norvégien se cache derrière la foi chrétienne et la défense de la civilisation occidentale pour massacrer 69 personnes, pour la plupart des adolescents. Nous fricotons avec les dictatures du golfe, nous acceptons que l’argent du Qatar soit investi sur notre territoire et dans nos clubs de foot en fermant les yeux autant sur les droits de l’homme que sur les droits sociaux. Nous soutenons des nazis en Ukraine et nous protestons mollement lorsque Israël massacre des civils à Gaza… nous voulons le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière, mais surtout ne pas payer les pots cassées. Et maintenant l’on découvre que l’on est en guerre !
Certes une guerre est déclarée, mais quelle guerre ? Cette guerre c’est nous qui l’avons fomentée. Pensions nous qu’elle ne sèmerait le deuil que chez les autres ? Les USA ont formé et armé les musulmans les plus extrémistes en Afghanistan pour combattre les russes et depuis la chute du mur de Berlin, nous avons bombardé et détruit la Serbie, la Libye, l’Irak, et la Syrie est en pleine guerre civile grâce à nos soins. Nous avons même exporté nos bienfaits au Mali, ce qui finira par déstabiliser toute la région. Nous avons piétiné tous les principes, la non ingérence, le respect des prisonniers de guerre, l’abolition de la torture et la vérité de l’information, si nous pouvions en tirer un avantage. Nous nions le droit à la justice des peuples victimes de massacres et d’humiliations en pratiquant une politique de « deux poids deux mesures » et en garantissant l’impunité à certains massacreurs. Nous avons joué aux apprentis sorciers, foulant aux pieds tous les principes de l’humanité, l’argent et le pouvoir guidant nos actions. (...)
Est ce moins horrible qu’un jeune diplômé assis derrière un bureau et guidant un drone qui va assassiner des innocents et des présumés coupable ? Que se passe-t-il dans la tête de jeunes gens bien formés, intelligents qui pilotent des bombardiers et déversent leurs bombes sur des populations civiles ? Le bombardement des écoles de Gaza n’est pas moins terroriste que le massacre d’écoliers au Pakistan. La rafle de fillettes au Kenya n’est pas moins exécrable que la soumission de dizaines de milliers de femmes à l’esclavage sexuel par des mafias occidentales. La mise à mort de dizaines de milliers de nourrissons, sciemment privés de nourriture et de médicaments à des fins de pillage économique n’est pas moins criminelle que l’exécution de 43 étudiants au Mexique … et plus prosaïquement les 58 suicidés de France Telecom ne nous ont pas trop perturbé !
C’est bien, les gens se sentent sensibilisés, se mobiliser pour des actions ciblées et médiatisées par l’émotion est une chose, mais comprendre que le problème est un problème politique, social et économique est mieux. L’on ne peut pas déconnecter ces événements d’une vision globale de notre société, ou alors notre indignation ne sert à rien. (...)
C’est le système capitaliste marchand pourri jusqu’à l’os et ceux qui le servent qui sont responsables de ce qui s’est passé au siège de Charlie Hebdo. Comprendre que si vous ne comprenez pas, c’est le fascisme qui gérera vos vies … et là !
Les différentes violences qui minent la société et la facilité qu’ont les rabatteurs à alimenter les réseaux terroristes, sont incontestablement amplifiés par des gouvernements qui imposent aux populations des politiques d’austérité dont l’effet est de jeter des millions de personnes dans la misère, la souffrance et le désespoir, par des multinationales qui exploitent la richesse de certains pays, en spoliant les hommes de leurs ressources et de leur dignité. Pour pouvoir vivre dans ce que nous croyons une société sure, nous fermons les yeux sur le fait que pour consommer et continuer à profiter de notre style de vie, le système capitaliste et ses organismes officiels comme le FMI pressurisent les trois quarts de la planète. Mais la pauvreté progresse à grands pas et arrive chez nous avec son lot de violence, de souffrance… et d’insécurité ! (...)