
En France, le nucléaire militaire échappe à tout débat. En trois chapitres clairs et incisifs, Paul Quilès, Michel Drain et Jean-Marie Collin, dans « L’illusion nucléaire », déconstruisent les arguments des promoteurs de la bombe pour mettre fin au règne de l’omerta et du secret défense.
Le nucléaire civil suscite quantité de débats passionnés dans la société. Le nucléaire militaire aucun, alors qu’il pose des questions tout aussi graves. On peut disserter à l’envi sur les raisons de ce silence, incriminer la hiérarchie militaire et son travail de lobbying, fustiger le manque de curiosité des parlementaires et des médias, déplorer l’inertie et le désintérêt apparent de l’opinion publique… Le fait est qu’un tabou pèse sur le nucléaire militaire et que rares sont ceux qui essaient de le lever. Ils prêchent dans le désert. Les auteurs de L’illusion nucléaire appartiennent à ce petit groupe d’empêcheurs de tourner en rond. Dans un livre bref mais copieux, dépourvu de fioritures mais solidement charpenté et bourré d’informations, ils rappellent un certain nombre de faits de nature à alimenter le débat, le jour où il s’imposera.
Petite précision préalable, les auteurs ne sont pas de dangereux pacifistes, un trio de taupes à la solde des ennemis de la France. Il y a parmi eux un socialiste non défroqué, ancien ministre de la Défense sous la présidence de François Mitterrand, un spécialiste reconnu de la sécurité internationale, et un transfuge de l’Assemblée nationale membre de Pax Christi France, le mouvement catholique international pour la paix. Bref, que des gens fréquentables ! (...)