
Présentée à l’automne 2014 comme une avancée sociale par la CFDT et le Medef, la nouvelle convention Unedic sur les droits rechargeables a surtout eu pour effet de rogner l’indemnisation de 500 000 chômeurs. Une vraie régression très partiellement corrigée par le nouvel accord du 25 mars dernier.
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Chômage : l’arnaque des droits rechargeables
05/11/2015
04:00
CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
Iffik Le Guen
Vue site web
Présentée à l’automne 2014 comme une avancée sociale par la CFDT et le Medef, la nouvelle convention Unedic sur les droits rechargeables a surtout eu pour effet de rogner l’indemnisation de 500 000 chômeurs. Une vraie régression très partiellement corrigée par le nouvel accord du 25 mars dernier.
Au début de l’année, Hollande, Valls et Rebsamen fanfaronnaient autour de la désormais fameuse inversion de la courbe du chômage. Patatras ! En février, la courbe en question repartait à la hausse, ce qui s’est logiquement traduit par la déroute électorale des départementales. Au même moment, un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) faisait état d’une surmortalité au moins trois fois supérieure chez les personnes en recherche d’emploi par rapport aux autres catégories de la population. Et il n’y est pas seulement question de tendances suicidaires. Selon Pierre Meneton, qui avoue que ces chiffres sont sans doute une « sous-estimation de la réalité », son étude ayant été réalisée avant la crise de 2008, les personnes au chômage « consomment plus d’alcool, moins de fruits et légumes, et ont un apport calorique, hors alcool, très significativement plus élevé que la moyenne ». Outre le fait de jouer avec l’apesanteur ou les allumettes, les chômeurs ne ménagent ni leur cœur ni leur foie.
Cette réalité sanitaire et sociale n’a guère ébranlé l’insensibilité marmoréenne du Medef. Ce dernier a continuellement essayé de dissimuler les ravages, en termes de baisse d’indemnisation, engendrés par l’entrée en vigueur, le 1er octobre 2014, de la nouvelle convention d’assurance chômage sur les droits rechargeables. « Nous avions prévenu dès le mois de juillet que ce texte constituait une gigantesque arnaque, lâche Vladimir du comité CGT chômeurs rebelles du Morbihan. Et le nouvel accord du 25 mars n’est qu’un écran de fumée supplémentaire. » Pourtant, le mécanisme des droits rechargeables avait été vendu par le Medef, la CFDT, FO et la CFTC comme très favorable aux personnes contraintes d’enchaîner les périodes de labeur et d’oisiveté. Le cumul des heures travaillées ouvrant droit à indemnisation devaient permettre de prendre en charge les 6 chômeurs sur 10 qui, jusqu’à présent, ne percevaient rien. Cela, c’était l’objectif généreusement affiché. La réalité était fort différente puisqu’il s’agissait en priorité de réaliser 450 millions d’euros d’économie sur le dos de 500 000 chômeurs, dixit l’Unedic elle-même dans plusieurs documents de travail (...)