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Greek Crisis
Choux de Bruxelles
Article mis en ligne le 4 septembre 2014

Le pourparlers entre nos pantins et les représentants de la Troïka se poursuivent à Paris et à Athènes, tout le monde s’en moque. “Ils sont partis pour faire une croisière sur la Seine” écrit en première page le quotidien “Eleftherotypía”. De mon côté, au soir du 2 septembre et en direct par téléphone sur France-Inter lors de l’émission de Nicolas Demorand “Un jour dans le monde” j’argumentais face et contre Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles. Sauf que ma ligne téléphonique... “a sauté” comme on dit (du coté grec) cinq minutes avant la fin de l’émission, ainsi je n’ai pas pu répondre aux derniers propos bruxellois et encore moins, participer à la conclusion du débat.

Jean Quatremer avait estimé entre autres, que je faisais “du misérabilisme” lorsque j’évoquais par exemple l’état de délabrement sciemment provoqué du système de santé en Grèce, le presque tiers de la population... étant expulsée de la Sécurité Sociale, ainsi que le décès, parmi tant d’autres, de mon cousin à Rhodes, alors transféré dans un hôpital où le manque en personnel spécialisé et subséquemment le protocole inadéquat qui fut alors pratiqué, lui a ainsi assuré une place... de choix vers Achéron. (...)

Les... métadonnées de l’argumentaire du journaliste de “Libération” sont évidemment prévisibles, voire déjà trop usées. “La corruption en Grèce, le fait de donner un bakchich aux médecins, les lenteurs de l’administration corrompue” et j’en passe. Cela consiste à dire que... le navire social grec avait été torpillé et coulé, parce que parmi les membres de l’équipage certains trafiquaient des cigarettes et qu’en seconde classe y avait des trimards à bord.

Alors que tous les autres petits et grands navires sociaux de la zone euro, France et Allemagne comprise (et bien au-delà), subissent les mêmes torpilles Troïka ou pas, et connaissent comme on sait “les mêmes difficultés à financer leurs dettes”, Belle Époque... en Europe. D’ailleurs, proportionnellement à la population des pays concernés, je dirais que les chiffres de la dette se croisent alors au (presque) même niveau et... cela si gentiment.

L’argumentaire de Jean Quatremer se mélange ainsi délibérément les pinceaux et... les choux de Bruxelles. Plus exactement, il s’agit de cette sophistique laquelle use et abuse du miroir déformant entre différentes échelles de la réalité. La corruption “d’en bas” chez les Grecs l’insupporte, celle d’en haut, grande organisatrice du monde actuelle, pas du tout.

Les lobbys des escrocs à Bruxelles, “les valises bien remplies” comme on dit, qui circulent toujours et encore à travers les grandes capitales de la dite “Europe politique”, les pots-de-vin et autres pratiques des pillards de haut rang lui sembleraient alors dignes du meilleur oubli, tant son analyse demeure conforme à une modélisation du monde et des rapports sociaux qui est également celle des tenants du strict pouvoir réel et non pas de celui des “élus”.

Plus profondément, la réflexion de Jean Quatremer dissimule alors mal son raisonnement... post-culturaliste, pourtant vieux comme le monde. Du type : “les Grecs, les Portugais, les Italiens et les autres sont immatures, voire mauvais, et ils ne sont pas certainement pas comme nous”, (...)

La délégation grecque, dont le personnel dit technique et les assistants... atteignant les cinq cents personnes, “petites copines comprises aux frais du contribuable sont partis se balades à Paris. Pendant ce temps à Athènes, des valises remplies de billets de banque circulent suffisamment en ce moment entre les... sources et certains hommes politiques” a fait remarquer un chroniquer de la radio 105,5 mercredi 3 septembre. Donc pas qu’ailleurs visiblement. (...)

Loin de certains clichés, Aristos, un journaliste rencontré la semaine dernière à Athènes, racontait ainsi son... histoire parallèle à celle de son si lointain confrère de Bruxelles : “Mon salaire a été diminué de moitié et mon épouse est au chômage. Encore... heureux, j’ai du travail. Nous possédions deux appartements à Athènes dont celui que nous habitons. Je ne pouvais plus faire face aux frais ni aux impôts. Je viens ainsi de vendre notre deuxième appartement, un F3 pour... quinze mille euros. J’ai laissé à l’État cinq mille euros sous forme de taxe à la transaction, puis il y a eu mes impayés, eh bien... ce qui reste de l’appartement que les parents de mon épouse nous ont laissé après toute une vie de travail et d’économies se résume à six mille euros. Nos biens ont été spoliés, au même titre que nos cotisations”. (...)

Je précise que les cotisations des travailleurs Grecs, celles de leurs employeurs comprises, ont été spoliées par les maîtres Troïkans et accessoirement par les rapaces locaux, ainsi et d’abord dans le secteur privé, ceux qui avaient cotisé durant plusieurs décennies devront se contenter de la seule retraite garantie désormais en Grèce, 360 euros par mois.

Au même moment, la plupart des Conventions collectives ont été supprimées progressivement depuis 2010, les salaires ont été divisés par deux, voire par trois et cette semaine, on vient de l’apprendre, le “gouvernement” pressé par la Troïka, prépare une loi, laquelle ne sera pas présentée au “Parlement” mais adoptée par décret, autorisant totalement et “librement” les licenciements sans même que les employer se trouvent dans l’obligation à les justifier. C’est en cela que les dites “reformes” si chères à Jean Quatremer devraient “faire adapter la Grèce aux exigences des marchés et de l’Europe”. (...)

C’est bien connu. “La loi humaine ainsi instituée, reflète toujours les velléités exigées en tout temps, de la caste et du pouvoir qui dominent”, écrivait déjà en son temps de l’Antiquité tardive, Porphyre , philosophe néoplatonicien et disciple de Plotin (“Lettre à Marcella”). De ce point de vue, rien n’a changé. (...)

. Comme le faisait remarquer un auditeur de France-Inter hier, sous forme de commentaire publié sur le site de l’émission de Nicolas Demorand : “J’avais déjà entendu un interview de Mr Quatremer lors de la campagne des européennes. C’était un farouche défenseur du fait européen et j’avoue qu’entendre les termes dans lesquels il s’est exprimé aujourd’hui enjoignant sur un ton pour la moins acerbe de cesser ‘ce’ misérabilisme à propos des Grecs ayant ce qu’ils méritaient l’Europe étant pour moins dans leur malheur qu’eux même vivant avec et de la corruption depuis toujours, était difficilement soutenable.” (...)

lorsqu’on visite... malgré nous, les centres de consultation à la Sécurité Sociale à Athènes (ou plutôt ce qui en subsiste), on découvre alors systématiquement cet autocollant posé sur les portes des cabinets médicaux : “Derrière cette porte votre médecin qui consulte désormais sous contrat précaire, travaille sans cotisations sociales, lui même n’est plus assuré et ne connaîtra pas de retraite”. “Le cynisme de Quatremer est révoltant. On aurait aimé entendre plus longtemps Panagiótis Grigoríou... Temps de paroles très déséquilibré”, souligne une autre commentatrice sur le site de l’émission. (...)

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