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Christiane Taubira : Des attaques "ignobles, indignes, dégueulasses"
Article mis en ligne le 16 novembre 2013

La garde des Sceaux, Christiane Taubira, ne compte plus les attaques racistes dont elle est victime. Lancée dans la défense du mariage pour tous, elle a fini par cristalliser nombre de mécontentement, et endure les insultes les plus diverses - et les plus insupportables. Et le premier ministre qui a tardé à réagir, semble bien incapable de venir en aide à ses ministres. Pauvre démocratie, pauvre République.

Heureusement, il reste les intellectuels, et plus précisément, les écrivains. Tout a commencé avec Léonora Miano, que le jury du prix Femina a choisie cette année, pour La saison de l’ombre, publié chez Grasset. (...)

Citée par l’AFP, Leonora Miano poursuivait, lors de la remise de son prix : « Ce n’est pas seulement elle qui est insultée, mais toutes les personnes noires qui sont animalisées. [...] Ce n’est pas seulement le roman en lui-même qui est symbolique, mais mon visage qui ressemble au sien. »

C’est un sentiment de vengeance qu’elle ressentait, et partageait avec toutes les personnes qui ont pu être ainsi humiliées. « On aurait aimé que les réactions ne viennent pas seulement de nous, mais du chef de l’État et que ceux qui l’ont insultée soient poursuivis par la loi. » Et de conclure : « J’aurais aimé une sanction parce que ce sont des propos qui tombent sous le coup de la loi. [...] Ce n’est pas aux Noirs de se lever pour ester en justice parce que Christiane Taubira a été insultée : elle est le troisième personnage du gouvernement. »

"La honte que je ressens d’être français"

Le lendemain, Yann Moix recevait le prix Renaudot pour Naissance (toujours chez Grasset). Et peut après cette annonce, il se fendait d’un message destiné à Christiane Taubira. Une « courte lettre », pour exprimer « la honte que je ressens d’être français quand vous êtes insultée dans votre dignité n’est rien, absolument rien, au regard de la fierté que je ressens face à la permanente démonstration de votre courage ». (...)

Témoignage pathétique des « nombreuses maladies dont notre pays est aujourd’hui atteint », les insultes faisaient finalement rejaillir la grandeur d’âme de la garde des Sceaux.

Puissiez-vous, madame, exister encore longtemps, et incarner cette Marianne au visage plus humain, moins éthéré, moins lisse aussi, que celle dont rêvent les nostalgiques d’une France éternelle qui, pour notre grand bonheur, n’eut jamais la moindre réalité et, ne leur en déplaise, n’existera jamais.

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Pensez donc à Bernanos : « Les ratés ne vous rateront pas. »

Des attaques "ignobles, indignes, dégueulasses"

Et finalement, c’est Marie Darrieussecq, prix Médicis (Il faut beaucoup aimer les hommes, chez P.O.L) qui intervient. Ce roman, racontant sa vision de l’Afrique, continent qu’elle a plusieurs fois visité, offre un écho tout particulier, et elle souhaite dédier son prix à la femme politique. « Les attaques que subit notre ministre sont ignobles, indignes, dégueulasses. Et elles viennent de loin, d’une France qui existe, qui est là, et dont je viens, mais qui n’est pas la mienne. » (...)

Aujourd’hui, Christiane Taubira est sous protection renforcée, et plusieurs élus UMP lui ont même apporté leur soutien. Le haut commissariat des droits de l’homme de l’ONU vient tout juste de condamner la dernière attaque dont elle a été victime, relaie l’AFP. Un porte-parole, depuis Genève, a déclaré : « Nous condamnons les attaques racistes dont fait l’objet depuis plusieurs semaines la Ministre française de la Justice, Christiane Taubira, et notamment la couverture d’un hebdomadaire d’extrême droite Minute (...)