
La Pologne s’est désolidarisée de ses partenaires, refusant de s’engager à se mettre en ordre de marche pour parvenir à l’objectif de réduction des émissions de CO2.
Vers 20 heures, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) – Boris Johnson était resté à Londres pour ce jour d’élections – qui s’étaient retrouvés à Bruxelles, jeudi 12 décembre, lors d’un Conseil européen, ont interrompu leurs discussions pour se faire prendre en photo, tous ensemble. Un rituel censé célébrer leur bonne entente et auquel ils ne s’étaient pas livrés depuis le référendum sur le Brexit, en 2016. La reprise de ce cérémonial devait marquer le début d’une nouvelle période, alors que la sortie du Royaume-Uni de l’UE d’ici au 31 janvier semble désormais très probable compte tenu de la large victoire de Boris Johnson lors des élections britanniques. (...)
Las, l’unité n’aura duré que le temps d’un cliché. Un peu après minuit, en effet, la Pologne s’est désolidarisée de ses partenaires, refusant de s’engager à se mettre en ordre de marche pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. « Nous sommes parvenus à un accord », a néanmoins déclaré le nouveau président du Conseil, Charles Michel, se livrant, comme la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à un exercice de dialectique très poussé. (...)
Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a, pour sa part, parlé de « l’exemption de son pays » et de « l’énorme flexibilité » qui lui est désormais offerte. « Nous atteindrons l’objectif à notre propre rythme », ajoutait-il.
« Je suis assez satisfaite. Il n’y a pas eu de divisions des Européens, il y avait simplement un Etat qui avait besoin de plus de temps », a commenté Angela Merkel, bouclant en deux minutes une conférence de presse, dont elle a exclu toute question. En réalité, la chancelière allemande, comme les autres dirigeants européens, a craint jusqu’à la fin que Varsovie ne signe aucun accord, tellement les demandes de la Pologne étaient inacceptables. « Nous avons besoin de créativité sans perdre la boussole », a commenté M. Michel, titillé sur cet accord à géométrie variable.
M. Morawiecki n’a pas ménagé ses interlocuteurs. Il leur a d’abord réclamé 560 milliards d’euros d’ici à 2030 pour aider son pays à fermer ses centrales à charbon. Une somme astronomique à comparer avec les 100 milliards d’euros que les Européens envisagent de consacrer au Fonds de transition juste, imaginé par la Commission pour accompagner les pays qui en ont le plus besoin. Le premier ministre polonais a ensuite plaidé pour un délai, jusqu’en 2070. Une autre exigence inacceptable pour ses collègues. (...)