
La situation est loin de faire la une des journaux, mais la capitale libyenne tressaille sous les pires violences qu’elle ait connues depuis le début des combats à la mi-2014.
À l’est du pays, les affrontements pour le contrôle du pétrole font rage, alors que les signes d’un engagement croissant de la Russie deviennent visibles. Quelles sont les conséquences de ces luttes pour le pouvoir économique et politique sur la population civile libyenne ?
Alors qu’une myriade de milices se livrent une lutte pour le contrôle du centre de Tripoli, les habitants tentent de se mettre à l’abri des tirs de chars et d’artillerie. Les combats interviennent après deux années de violences croissantes et dans un contexte de misère grandissante pour la ville et ses 1,5 million d’habitants, engendrée par l’effondrement des services de base.
Plus à l’Est, les forces de l’un des trois gouvernements libyens rivaux ont pris le contrôle de deux ports pétroliers, al-Sidra et Ras Lanuf, dont une autre milice s’était emparée au début du mois.
La reconquête de ces ports offre l’espoir d’une relance de la production de pétrole — la principale source de revenus du pays avec la production de gaz. Mais le contrôle de ces ressources dépendra de l’issue de la lutte indécise que se livrent le Parlement élu, basé à Tobrouk, le gouvernement d’unité nationale, établi à Tripoli avec le soutien des Nations Unies, et une troisième autorité potentielle, le gouvernement de salut national, également établie dans la capitale. (...)
À Tripoli, le chaos est tel ces derniers jours que les hôpitaux de la ville ne sont pas en mesure d’évaluer le nombre exact de morts et de blessés. Un de ces établissements, celui de Habda, a été touché à deux reprises par des tirs de mortier avant de prendre feu, mardi, puis d’être évacué.
L’horreur des combats de rue aggrave le quotidien des habitants de la capitale et avive leurs inquiétudes en matière de sécurité.
« Le plus difficile, quand on vit ici, c’est l’incertitude », a dit à IRIN une femme au foyer de Tripoli qui a demandé à garder l’anonymat. « Mon mari et mon fils vont au travail tous les jours, les enfants vont à l’école, et on entend les combats au loin, on entend parler du dernier enlèvement en date et on se demande : seront-ils en sécurité ? »
Il est vrai qu’à Tripoli, ce qui était anormal devient normal. (...)
Selon des sources anonymes étasuniennes et égyptiennes, les forces spéciales russes joueraient un rôle croissant dans cette région riche en pétrole, ce qui soulève des interrogations dans les capitales occidentales, particulièrement à la lumière des exploits russes en Syrie.
Les ports pétroliers de l’est de la Libye étaient fermés depuis deux ans en raison d’un différend sur leur contrôle et sur les exportations, mais M. Haftar les a rouverts quand il s’en est emparé au mois de septembre. Les revenus associés ont ainsi à nouveau afflué.
Les terminaux sont importants d’un point de vue politique, aussi bien qu’économique (...)