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Comment combattre l’Etat islamique, cette créature de l’Occident
Noël Mamère
Article mis en ligne le 15 septembre 2014

(...) L’Etat Islamique est en effet une organisation transnationale terroriste, qui dépasse en barbarie Al Qaeda. Les décapitations à répétition qu’elle diffuse à profusion sur nos écrans ne sont que la vitrine d’une politique de terreur délibérée.

Une tyrannie religieuse et fasciste

Cette organisation vise à exercer une tyrannie religieuse et despotique, raciste et fasciste, qui combat par principe la liberté, le droit des femmes et des minorités, qui veut imposer sa vision du monde par la force aux populations condamnées à se soumettre ou à se faire tuer. Elle possède des moyens jamais acquis par une organisation djihadiste : entre autres, elle exploite des puits de pétrole, dispose du trésor de guerre de la banque de Mossoul et des dépôts d’armes de l’armée irakienne en déroute. Elle est ancrée sur un territoire à cheval sur la Syrie et l’Irak et menace directement le Liban et la Jordanie.

Cette situation est la conséquence de la politique américaine en Irak qui, depuis 2003, a détruit l’Etat et l’armée irakienne et a laissé s’affronter les confessionnalismes chiite et sunnite . Après avoir provoqué un million de morts, l’invasion américaine a déplacé 4 millions de personnes et déstabilisé la région entière. En laissant le Premier ministre, Nouri Al Maliki, marginaliser les sunnites, elle les a poussés dans les bras des djihadistes, tandis qu’en En Syrie, le refus obstiné de soutenir l’opposition démocratique et d’intervenir contre Assad, a fait le lit de l’Etat Islamique. (...)

L’ONU, seul lieu de légalité et légitimité

L’intervention de toute « coalition » doit donc être politique avant tout et avoir l’aval de l’ONU. Les Nations-Unies sont le seul lieu de légalité et de légitimité d’une action de droit international. Le fait de le rappeler apparaît comme une incongruité tant l’idéologie militaro-humanitaire a prospéré depuis le 11 septembre, se substituant progressivement à la notion d’Etat de droit. Pas question non plus d’intervenir avec des troupes au sol : Les frappes aériennes, conjuguées avec l’armement et la formation de l’armée irakienne et de l’opposition syrienne, doivent suffire pour contenir et repousser l’Etat islamique. Il faut également que la Turquie ferme la frontière aux hommes de l’EI plutôt que de contrôler les kurdes. Mais, nous avons tous que la solution ne peut passer que par une redéfinition des rapports entre les Etats et les différentes composantes ethniques et religieuses du Moyen-Orient.

En mettant à bas la frontière Sykes-Picot, du nom des diplomates Anglais et Français de l’après première guerre mondiale, l’EI a accompli un acte symboliquement très fort ; il a montré que les frontières issues de la colonisation ont donné naissance à des Etats-nations à faible légitimité quand ils ne sont pas tenus par des dictateurs. (...)

Les lois « anti-terroristes », un coup d’épée dans l’eau

Enfin, le renforcement des lois dites « anti-terroristes » en France n’est qu’un coup d’épée dans l’eau qui renforcera la stigmatisation des musulmans, comme vient de la démonter Edwy Plenel dans son dernier ouvrage « Pour les musulmans ».

Il existe déjà dans notre Droit un arsenal juridique suffisant pour poursuivre les apprentis djihadistes. Il faudrait au contraire se pencher sur les moyens de réinsérer les jeunes perdus du djihad en Syrie pour les désintoxiquer de la propagande de Daech. (...)

La globalisation a engendré la montée des identités belliqueuses. Casser cet engrenage mortel demandera du temps, de la patience, de la raison. Ne cédons pas, comme nous le faisons trop souvent, à la tyrannie de l’émotion. La guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser aux journalistes, aux politiques et aux militaires.