
Une étude montre comment les garçons autant que les filles se soumettent à une pression terrible pour se conformer aux stéréotypes de sexe. Avec des conséquences sur leur santé mentale et physique.
Anxiété, insécurité, stress, faible estime de soi, voilà ce que provoquent les stéréotypes, affectant la santé physique et mentale des adolescents. C’est la conclusion d’une étude de la sociologue Maria do Mar Pereira, de l’Université de Warwick, directrice du centre d’étude sur les femmes et le genre. Elle a observé pendant trois mois les comportemenst et les interactions dans une classe d’élèves de 14 ans à Lisbonne au Portugal. Sans dire précisément aux adolescents quel était le thème de sa recherche. Elle les a suivis dans tous les aspects de leur vie quotidienne : en classe, à la cafétéria, sur les terrains de jeu, lorsqu’ils faisaient du shopping. Elle leur a demandé de photographier et filmer leur quotidien, a analysé leurs ordinateurs portables et leurs pages de réseaux sociaux et a eu des entretiens avec chacun d’entre eux.
Elle est formelle : la santé des filles autant que des garçons est menacée dans les sociétés qui promeuvent des rôles de genre rigides, avec des idées précises de ce qui doit être considéré comme « masculin » et « féminin ».
Sport censuré et dose de violence
Comment ? Les filles par exemple commencent à se censurer sur le sport à l’adolescence. Même celles qui aiment le sport se freinent de peur de ne pas paraître assez féminines. Elles évitent de courir de peur qu’on se moque d’elles. Et se mettent au régime, même quand leur poids est tout à fait normal parce qu’elles pensent qu’il faut être très mince, voir maigre pour plaire. Au moment où leur corps change, les filles se privent, ce qui n’est pas bon pour leur santé, cela peut même conduire à des troubles alimentaires graves dans des cas extrêmes.
Chez les garçons, la pression des stéréotypes conduit à ce que la chercheuse appelle un « petit niveau de violence quotidien » : se donner des petits coups sur le corps, voire les parties génitales et boire beaucoup d’alcool pour prouver qu’on est viril. Elle conduit aussi à se couper de ses émotions et de ses sentiments pour ne pas paraître faible. (...)
Dans les entretiens individuels, tous les adolescents, leaders ou suiveurs, ont dit que cette situation ne leur convenait pas. Qu’ils se conformaient aux stéréotypes parce qu’ils pensaient que c’était ce que les autres attendaient d’eux. Et tous ont été surpris d’entendre Maria do Mar Pereira leur livrer cette conclusion...
Cette étude a fait l’objet d’un livre : "Faire des sexes un jeu : la négociation entre les sexes dans l’espace scolaire" qui a remporté le Prix international du meilleur livre en recherche qualitative (2010-2014) remis à l’Université de l’Illinois (USA) en mai 2014.